
Au cœur du centre de recherche grenoblois Clinatec, une nouvelle technologie attire l’attention : la photobiomodulation. Cette technique utilise la lumière pour stimuler les cellules malades. Des scientifiques y voient une avancée majeure, des pseudo-thérapeutes un commerce juteux.
L’idée de la photobiomodulation est d’implémenter des LED miniatures dans le cerveau pour traiter des maladies comme Parkinson, en modulant l’activité neuronale à l’aide de photons. Cette méthode est scientifiquement jugée prometteuse. Encore en phase expérimentale, elle pourrait représenter une avancée majeure dans les traitements neurologiques si ses effets se confirment.
Les premiers essais sur l’humain, lancés en 2021, montrent des signes encourageants : amélioration cognitive et cellularité en hausse chez certains patients. Mais cette piste scientifique sérieuse est fragilisée par son appropriation précoce et commerciale par des thérapeutes douteux. En parallèle des laboratoires, une myriade de centres non médicaux, comme des clubs de sport ou des Ehpads, proposent déjà des « bains de lumière » vantés comme cures de jouvence ou remèdes à tout.
Cette confusion entre recherche rigoureuse et marketing abusif inquiète les chercheurs. « Nous ne voulons pas passer pour des charlatans », affirme Laurent Hérault, directeur du fonds Clinatec, contraint de redoubler de pédagogie pour dissiper les amalgames.
L’origine de la photobiomodulation est d’ailleurs le fruit d’un heureux accident scientifique remontant à 1967. Depuis, de nombreuses études sont venues éclairer ses effets bénéfiques sur la cicatrisation, la douleur, ou certaines affections neurologiques. Mais les mécanismes cellulaires exacts restent encore flous et la « posologie » de la lumière (type, intensité, durée) reste à standardiser.
Face à cet engouement, des entreprises comme la canadienne Vielight multiplient les promesses non vérifiées, souvent sur la base d’études biaisées ou autofinancées. En France, certains revendeurs peu scrupuleux, parfois naturopathes autoproclamés, surfent sur l’espoir des malades en vendant des casques LED à prix d’or.
Les médecins, eux, appellent à la prudence : « sans encadrement strict, ces dispositifs peuvent s’avérer inefficaces, voire dangereux », notamment pour les personnes épileptiques ou atteintes de cancer de la peau. Pour encadrer la pratique, des diplômes universitaires ont été créés, mais la photobiomodulation n’est toujours pas remboursée par l’Assurance-maladie.
(Source : L’Express, 29.06.2025)