Benoît Heilbrunn est philosophe et professeur de marketing à l’ESCP Europe. Il est notamment l’auteur de plusieurs Que sais-je ? aux PUF (Le Packaging, La Marque, Le Logo) et du Marketing pour les
nuls, chez First.
Dans La tyrannie du bien-être, Benoît Heilbrunn interroge l’hégémonie du bien-être dans une société démesurément attachée à la mesure permanente de la satisfaction.
Un avatar du bonheur
Les prémices de l’injonction au bienêtre se trouvent probablement dans la définition de la santé telle qu’elle apparaît dans le préambule de la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), adoptée en 1946. Le premier principe est ainsi énoncé : « la santé est un état complet de bienêtre physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. ». Cette définition marque alors une rupture nette avec une approche exclusivement biologique de la santé. D’abord donnée exclusivement physiologique, relevant du médical, le bien-être est parvenu à s’étendre et s’immiscer dans tous les recoins de la vie sociale et quotidienne (foyer, travail, sports, loisirs…) en devenant une notion multiforme aux contours flous. C’est la complexité à caractériser précisément cette notion qui lui a permis de s’ériger progressivement en avatar du bonheur. L’ouvrage se penche sur le bonheur en tant qu’objet de réflexion traversant les âges et les courants philosophiques, et sur son articulation avec l’éthique, la vertu, l’altérité, autant de notions tout à fait évacuées de la poursuite moderne du bien-être. Pour Benoit Heilbrunn, « l’idéologie du bien-être porte la trace irrémédiable de ce renoncement au bonheur».
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