Cinq ans après le violent séisme qui a secoué Haïti, tuant plus de 200.000 personnes, de nombreux survivants souffrent encore de nombreux traumatismes notamment de graves troubles mentaux.
La maladie mentale est encore un tabou dans ce pays. Ainsi on ne parle par de « dépression » pour expliquer les troubles dont souffrent ces rescapés mais on évoque leurs symptômes : manque d’énergie ou d’appétit, insomnies, cauchemars…
Mais Haïti ne compte que dix psychiatres pour dix millions d’habitants. Pendant des siècles, les Haïtiens se sont tournés vers des prêtres vaudou qui exécutent des cérémonies et rituels sacrificiels pour traiter les malades. Max Beauvoir, chef « suprême » du vaudou haïtien, pense que « le vaudou guérit l’esprit, l’âme et le corps. L’âme est ce que nous sommes, il contrôle tout, toutes nos actions et notre esprit ».
70 pour cent de la population y aurait recours. Beaucoup d’Haïtiens attribuent les causes de la maladie mentale à des forces surnaturelles, des malédictions ou la possession par les esprits d’une vie passée. Ils sont donc des milliers à ne prendre aucun traitement pour soigner des maladies mentales allant de la dépression au trouble bipolaire ou à la schizophrénie.
Zanmi Lasante, médecin, a conçu un outil de dépistage à partir des symptômes de la dépression. Il constate au quotidien comment « l’impact du tremblement de terre sur la santé mentale des habitant est immense et incroyablement profond ».
L’Organisation mondiale de la Santé(1) pense qu’il est temps de se préoccuper de ce problème international. Elle estime que d’ici 2030, la dépression deviendra la première cause de handicap dans le monde et que la charge sera plus grande dans les pays pauvres, où au moins 75 pour cent des personnes atteintes de troubles mentaux ne reçoivent aucun traitement.
(Source : Reuters, 09.01.2015)
(1)Ndlr : la même OMS qui reconnait les médecines traditionnelles…