L’essor inquiétant des influenceurs salafistes 

Ils ne crient pas leur appartenance, n’affichent pas de slogans extrémistes. Mais leur discours fait des ravages. Les influenceurs salafistes investissent massivement les réseaux sociaux, avec une rhétorique bien rodée et un objectif clair : diffuser une vision ultra-rigoriste de l’islam, souvent misogyne et intolérante.

Loin de l’image austère des prédicateurs traditionnels, ces nouveaux gourous du numérique soignent leur image et manient avec habileté les codes de la communication moderne. Sous couvert de conseils spirituels, ils brouillent les pistes et propagent une lecture archaïque du Coran, parfois déformée, souvent coupée de son contexte. Les femmes y sont présentées comme effacées et soumises parce que « les femmes fortes créent des hommes faibles ». Toute forme de pluralité est rejetée.

Leur stratégie ? Une présence discrète mais constante. Ils ne se revendiquent pas salafistes, évitant soigneusement le vocabulaire qui pourrait alerter. À la place, un storytelling léché, une mise en scène de leur propre « réveil spirituel », et une glorification d’un mode de vie épuré qui séduit une jeunesse en quête de repères.

Cette influence, bien que souterraine, s’avère redoutablement efficace. Selon une enquête de The Conversation, trois raisons expliquent cette adhésion : un besoin d’identité, une vision structurée du monde, et un désir d’appartenance à une communauté. Dans un monde instable, ces prêches radicaux apparaissent, pour certains jeunes, comme des réponses claires à la complexité du réel.

Mais derrière cette illusion d’ordre et de piété, c’est un islam dénaturé et vidé de ses fondements spirituels qui est transmis. La foi devient un outil de contrôle. Ce que ces influenceurs prônent n’est pas une religion, mais une instrumentalisation idéologique du sacré. Face à cette dérive, éduquer, débattre et éclairer reste plus que jamais essentiel. 

(Source : The Body Optimist, 28.04.2025)

  • Auteur : Unadfi