Démantèlement d’un réseau complotiste qui préparait des actions violentes

Le complotiste Rémy Daillet, qui avait fait parler de lui lors de l’enlèvement de la petite Mia, a été mis en examen le 22 octobre 2021 pour avoir fomenté un coup d’État et des actes de terrorisme antimaçonniques et antisémites. Au moins quatorze autres personnes, proches de l’extrême droite, ont été mises en examen pour avoir participé au projet.

Un réseau de « cellules clandestines hiérarchisées sur le territoire national » a été démantelé par la DGSI et le Parquet national antiterroriste.

Tout est parti d’une vidéo diffusée en octobre 2020 dans laquelle Rémy Daillet appelait au renversement d’Emmanuel Macron. Il y invitait ses spectateurs à se joindre à lui via une adresse mail figurant sur son site. Contre toute attente cela a fonctionné et il a ainsi recruté un ancien militaire, un agent de sécurité, un animateur, et d’autres … qui se sont organisés en diverses branches : armée, civile. L’agent de sécurité, dans l’appartement duquel ont été retrouvées des armes, avait même conçu le « plan d’assaut du jour J ».

Tout s’est déroulé sur internet, le recrutement, l’organisation du réseau, ainsi que les entretiens avec Rémy Daillet, alors exilé en Malaisie -il a été extradé depuis. Évitant les réseaux sociaux comme Facebook, les membres échangeaient via Proton mail, une messagerie sécurisée, et utilisaient un VPN pour dissimuler l’origine géographique de leur connexion. Lors de ces conversations privées, les protagonistes discutaient tout autant des cocktails Molotov et grenades à fragmentations que des cibles à attaquer, parmi lesquelles figuraient Jacques Attali, Olivier Véran, Emmanuel Macron, mais aussi des antennes 5G ou des centres de vaccination. Lors de ces rencontres virtuelles, les troupes étaient galvanisées par les discours guerriers de Daillet et des autres chefs. Le jour du putsch, Daillet prévoyait d’entrer de force à l’Élysée et d’ouvrir le feu si les forces de l’ordre leur tiraient dessus.

Si Rémy Daillet affirmait être fort d’une troupe de 10 000 à 20 000 hommes et femmes, l’un des protagonistes mis en examen révèle qu’ils n’étaient que 300.

Parmi ces 300, quatorze meneurs ont été mis en examen. Ils ont en commun leur haine des juifs et de l’autre en général. Leur univers tourne autour de la fachosphère d’extrême droite qui s’affiche sur internet. Leurs références vont du survivaliste Piero San Gorgio aux antisémites Hervé Ryssen ou Vincent Renouard. Alain Soral avec Egalité et réconciliation, TV Liberté, Riposte laïque comptent parmi leurs médias préférés.

Si la majorité du projet s’est déroulé sur internet, l’un des leaders a aussi recruté deux membres, dans un café et lors d’une manifestation anti-pass sanitaire organisée par Florian Philippot. L’un d’eux, professeur de physique-chimie, deviendra l’artificier du groupe.

L’influence de Daillet a dépassé les frontières, puisqu’il a réussi à rallier à sa cause un autre Youtubeur résidant aux Etats-Unis. Ce dernier avait envoyé des pièces pour remilitariser une mitrailleuse de la seconde guerre mondiale. Des armes ont été découvertes chez plusieurs des protagonistes lors des perquisitions de la police.  (Source : Libération, 22.11.2021)

  • Auteur : Unadfi