Le gouvernement veut lutter contre l’entrisme religieux à l’école

La ministre de l’Éducation belge a décidé de s’attaquer à l’entrisme religieux et au complotisme dans les écoles. Si elle reconnaît qu’il est « difficile d’objectiver les pressions », elle estime qu’on ne peut plus « nier la situation ».

Un garçon qui se cache les yeux en cours de biologie pour ne pas voir la reproduction d’un corps féminin nu, une adolescente qui refuse d’aller au cours de natation, des élèves qui remettent en question la théorie de l’évolution, un professeur remis en question dans sa légitimité parce que c’est une femme… Valérie Glatigny (MR) a expliqué avoir reçu, ces derniers mois, une série d’alertes qui l’ont inquiétée. Sans parler des enseignants qui disent ne plus aborder certains thèmes comme l’histoire de la Belgique et la décolonisation ou le conflit israélo-palestinien, parce qu’ils subiraient des intimidations.


Sept enseignants sur dix s’autocensurent
A la rentrée, la ministre a mis en place un numéro vert pour qu’ils puissent témoigner de ces pressions. Six appels ont confirmé l’existence de faits inquiétants. Les équipes mobiles d’accompagnement qui se déplacent à la demande des écoles pour œuvrer à la prévention de l’extrémisme violent et du radicalisme sont également intervenues six fois.
« Ce n’est pas anodin. Enseigner est devenu dangereux. Ces chiffres ne démontrent pas une explosion des faits, mais une récurrence de ceux-ci au cours des dernières années » a souligné Valérie Glatigny qui a envoyé, fin septembre, un questionnaire à 13 000 enseignants les interrogeant sur le respect qu’ils reçoivent ou non dans leurs classes. Une question était consacrée aux intimidations exercées à leur encontre et à l’autocensure qui pourrait en résulter. Sur les 10 000 réponses reçues, sept enseignants sur dix ont reconnu s’être déjà censurés. « Je ne veux pas provoquer de psychose mais on ne peut plus nier cette situation. Des experts nous disent qu’il est possible d’agir. Nous devons briser le silence »


Table ronde, référents et rapports annuels
La ministre a rappelé la norme en vigueur : « le principe de neutralité est inscrit dans la Constitution. L’école n’est pas un lieu où l’on propage des opinions, où l’on fait du prosélytisme, qu’il soit religieux ou politique ». Elle a précisé « qu’il existe des outils pour que les enseignants puissent signaler en toute confiance les pressions, des équipes d’intervention peuvent être sollicitées et des signalements peuvent être adressés au parquet, à la police locale ou au service d’aide à la jeunesse ».
Elle a aussi reconnu « des lacunes » et annoncé la tenue d’une table ronde avec les autorités, les enseignants et les parents pour mener un travail de sensibilisation. Elle souhaite s’inspirer de ce qu’elle appelle le « modèle français », à savoir « demander à chaque établissement de désigner un référent policier et chaque commissariat un référent scolaire pour, qu’en cas d’urgence, ces deux interlocuteurs puissent rapidement entrer en contact ». Enfin, la ministre entend lancer des rapports annuels sur le respect de la neutralité à l’école


(Sources : La DH & La Libre, 12.12.2024)

  • Auteur : Unadfi