Une présence inquiétante à Londres

Il y a quelques semaines, Croydon a vu défiler dans ses rues des hommes vêtus d’or et de violet, symboles de l’Israël United in Christ (IUIC), le plus grand groupe israélite hébreu (1) au monde. Présent dans plusieurs quartiers londoniens, ce mouvement religieux se distingue par ses prêches enflammés et son discours radical, parfois qualifié de haineux.

L’IUIC, né dans un sous-sol de Harlem dans les années 2000, s’est implanté au Royaume-Uni en 2012. Il attire une partie des Britanniques noirs en quête d’identité et de communauté, dans un contexte marqué par la pauvreté et le racisme. Mais derrière une façade de fraternité, le groupe est accusé de sectarisme, de misogynie et d’antisémitisme.

Joy Morgan, une étudiante de 20 ans, avait rejoint l’église IUIC d’Ilford en 2016, après une série de drames familiaux. Peu à peu, elle s’est éloignée de ses proches. Pour elle, l’IUIC était devenue « la meilleure famille qu’elle ait jamais eue ». En 2019, elle a été assassinée par un autre membre du groupe. Son corps n’a été retrouvé que huit mois plus tard.

Des anciens fidèles dénoncent aujourd’hui des pratiques coercitives. Ils parlent d’isolement, d’humiliations publiques, d’encouragement à couper les liens avec les proches non convertis. Pour les experts, l’histoire de Joy n’a rien d’un cas isolé, « elle illustre la manière dont des individus vulnérables peuvent être happés par des structures religieuses abusives ».

Si l’IUIC nie tout lien avec le meurtre et continue ses activités à Londres, le débat grandit sur la manière de répondre à ces dérives. En France, l’organisation a été dissoute par décret gouvernemental, accusée d’incitation à la haine et à la violence. Au Royaume-Uni, la police reste impuissante face à ces mouvements. 

(1) Les Israélites hébreux croient que les Noirs descendent d’une tribu israélite perdue, certains intellectuels qualifiant les origines de leur foi de forme afro-américaine du judaïsme.

(Source : The Standard, 12.09.2025)

  • Auteur : Unadfi