Nine O’Clock Service, de l’extase à la disgrâce 

Christopher Brain, 68 ans, ancien prêtre-fondateur du Nine O’Clock Service (NOS), a été reconnu coupable de 17 agressions sexuelles sur neuf femmes. Acquitté de 15 autres chefs d’accusation, il reste sous la menace de cinq charges sur lesquelles le jury n’a pas statué.

Dans les années 1980-1990, Christopher Brain avait séduit l’Église anglicane avec ses offices nocturnes qui proposaient un mélange inédit de liturgie revisitée, musique électronique, projections vidéo et danse. Ce culte alternatif, présenté comme un moyen de ramener la jeunesse dans les églises, attirait jusqu’à 600 fidèles chaque dimanche, à Sheffield. Il fut même encensé par l’archevêque de Canterbury de l’époque, George Carey, qui rêvait d’un « NOS dans chaque ville ». Le sexagénaire était promis à un brillant avenir. Il se préparait d’ailleurs à exporter son concept outre-Atlantique, à San Francisco.

Mais derrière l’image du « prêtre rock » et des innovations pastorales, c’est une mécanique d’abus qui s’est installée. Les fidèles du NOS, souvent jeunes et vulnérables, étaient soumis à des règles strictes et à une vie quasi communautaire. Certaines femmes, surnommées les « Nonnes en Lycra », devaient se conformer à un code vestimentaire suggestif et se mettre au service total du prêtre iconoclaste. Plusieurs ont raconté devant le tribunal des attouchements, des sollicitations sexuelles et une emprise psychologique renforcée par le prestige religieux du leader. « C’était une sorte de secte sexuelle approuvée par l’Église d’Angleterre », a résumé l’une des 36 victimes.

Les faits auraient commencé en 1981.La chute est survenue en 1995. Suite à des signalements internes, mêlés à des querelles intestines, NOS a implosé. Suspendu par son diocèse, Christopher Brain, qui dirigeait par ailleurs un cabinet de conseils en design, a reconnu, dans la presse, avoir eu des « contacts inappropriés », tout en minimisant la gravité des faits.

La commissaire Eleanor Welsh, de la police du South Yorkshire n’a pas mâché ses mots. Pour elle, « Brain est un prédateur sexuel sournois et arrogant qui a causé un préjudice important à des femmes par son abus de pouvoir et sa manipulation cruelle de leur foi ». À la barre, pour sa défense, Christopher Brain a expliqué ne pas être « un vicaire traditionnel mais quelqu’un qui se lançait dans une quête de recherche et d’expérimentation radicale » insistant sur le fait que « tout contact sexuel avec les femmes était consensuel et consenti ». Il n’a pas convaincu le jury, composé de huit hommes et trois femmes, qui l’a reconnu coupable de 17 chefs d’agression sexuelle. Outre cette condamnation, le procès, ouvert près de trente après les faits, a ravivé le débat sur l’aveuglement, voire la complaisance, de l’Église anglicane. 

(Sources : Independent, 22.08.2025 & Le Figaro, 02.09.2025)

  • Auteur : Unadfi