Des croyances surévaluées par leurs partisans 

Des attentats du 11 septembre aux reptiliens contrôlant les dirigeants mondiaux, en passant par Elvis ou Tupac soi-disant vivants sur une île secrète, Internet est devenu le réceptacle de récits farfelus et de soupçons peu réalistes. L’ère numérique et la pandémie de Covid-19 ont amplifié leur présence dans les discussions publiques. Oui, mais…

Selon une étude menée par des psychologues de l’université Cornell, publiée le 24 mai 2025 dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin, les partisans de ces thèses surestiment massivement l’impact de leurs idées.

Huit études, menées depuis 2018 sur un échantillon de 4 181 adultes, ont examiné la réception de diverses théories, notamment celle des faux alunissages des missions Apollo. Résultat : seuls 12 % des participants se disaient convaincus. Pourtant, les complotistes pensaient persuader leur interlocuteur dans 93 % des cas. Un écart de perception frappant, révélant une confiance excessive dans la force de leur argumentaire. Ce phénomène est lié à l’effet Dunning-Kruger, selon le chercheur Gordon Pennycook, interrogé par Ars Technica. « Ce biais cognitif pousse certains individus à se croire experts d’un sujet qu’ils maîtrisent mal, refusant souvent de remettre en question des croyances fragiles ».

Un exemple marquant concerne la fusillade de l’école de Sandy Hook, en décembre 2012. Si seulement 8 % des sondés estiment qu’il s’agit d’une opération montée par le gouvernement, ils pensent pourtant que 61 % de la population américaine partage leur avis.

« Ce déséquilibre s’inscrit dans la loi de Brandolini », poursuit le chercheur. « Une fausse information est bien plus difficile à démonter qu’à diffuser ». Sur les réseaux, l’effet de bulle renforce cette dynamique, favorisant les microcosmes et les visions binaires. Le complotisme prospère… Mais son audience réelle reste bien plus limitée que ne le croient ses adeptes. 

(Source : Futura Sciences, 31.07.2025)

  • Auteur : Unadfi