L’association fondée en 1964 pour accompagner des personnes en situation de handicap dans près de 40 pays a annoncé la fermeture de la Ferme de Trosly-Breuil, site emblématique mais entaché par les dérives de ses fondateurs. Une décision justifiée par des raisons économiques… Mais aussi par le poids du passé.

En 2023, un rapport de 454 pages faisait l’effet d’un électrochoc. Il révélait les abus sexuels et l’emprise psycho-spirituelle de Jean Vanier et du père Thomas Philippe, les deux figures tutélaires de L’Arche, depuis décédées. Au moins 25 femmes auraient été victimes de ce qu’un membre de la communauté décrit comme « une doctrine mystique délirante » visant à légitimer les agressions. L’un des lieux-clés de ces agissements est la Ferme de Trosly-Breuil, longtemps occupée par les deux mis en cause.

Malgré les tentatives de réhabilitation du lieu, devenu centre spirituel, les stigmates restent vivaces. Difficile d’effacer les souvenirs d’un site qualifié par le rapport d’« espace privilégié de développement de situations d’emprise ». D’autant que certains anciens fidèles de Thomas Philippe continuaient d’y venir en pèlerinage.

La décision de fermeture, attendue pour fin juillet 2025, est officiellement motivée par « une activité économique déficitaire ». Mais aussi par « l’histoire sombre du lieu ». Pour les responsables de L’Arche, il s’agit d’une continuité logique après avoir marqué les 60 ans de l’association par un « acte symbolique de mémoire et de passage ».

Si la commune de Trosly-Breuil continuera d’accueillir des personnes handicapées dans d’autres structures de L’Arche, la Ferme, elle, pourrait renaître sous la forme d’un habitat participatif, le projet restant à définir.  

(Source : Le Parisien, 26.06.2025)

A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Un rapport accuse de nouveau Jean Vanier : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/un-rapport-accuse-de-nouveau-jean-vanier/