
Derrière l’image d’une communauté religieuse moderne et accueillante, l’église Extravagance, basée à Saint-Pierre (La Réunion), est mise en cause par plusieurs anciens membres. Ils dénoncent une emprise progressive orchestrée par son leader, Bruno Picard. Une enquête a été ouverte en 2021.
Pression morale, contrôle de la vie privée, dîme obligatoire, culpabilisation spirituelle et surveillance déguisée… Loin des chants enthousiastes et des messages d’espoir, des fidèles disent avoir vu leur vie se réorganiser entièrement autour de l’église. « Tout tournait autour du mouvement », confie Dominique, un ancien membre. « Mariages, choix professionnels, déménagements… Les décisions passaient parfois par l’approbation du pasteur ».
La stratégie, selon les témoignages recueillis, s’appuie sur des promesses de bénédictions en échange de dons généreux. Une théologie dite « de la prospérité » incite à « donner trop » pour être « élevé par Dieu ». Des groupes de maison, sortes de cellules locales, assureraient un suivi des fidèles. Mais d’aucuns parlent davantage d’un contrôle que d’un accompagnement.
Quitter l’église ne se fait pas sans douleur. Isolement, culpabilité, peur du rejet : certains racontent avoir mis des mois à se reconstruire. Rudy Thazard, ancien membre, a déposé plainte pour abus de faiblesse. Il dénonce une « machine à vider les gens de leur autonomie ».
Une enquête judiciaire a été ouverte en 2021. Bruno Picard a été mis en examen pour abus de faiblesse et laissé libre sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire. Ses avocats rejettent toutes les accusations de dérives sectaires ou d’emprise et dénoncent une campagne calomnieuse. L’église dit se tenir à la disposition de la justice. L’affaire pourrait être portée devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. La décision est dans les mains du juge d’instruction…
(Sources : Imaz Press Réunion, 24 et 26.06.2025)
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