
Pendant des décennies, l’Église catholique du Grand Ouest a dissimulé les abus sexuels perpétrés par les Frères de Saint-Gabriel. Reçues par le pape François qui leur a présenté des excuses, des victimes ont créé, en 2023, une association « pour libérer la parole ».
Michèle Le Reun-Gaigné et Gilles Peuzé ont décidé de briser l’omerta. Elle a été agressée à Loctudy (Finistère) en 1969, lui à Issé (Loire-Atlantique) en 1967. Ensemble, ils dévoilent une réalité glaçante : celle d’enfants livrés à leurs agresseurs au nom de la protection de l’institution religieuse. Tous les deux sont formels : « l’Église a tué notre enfance ».
De 1950 aux années 1970, une cinquantaine de jeunes auraient, comme eux, été abusés, parfois par les mêmes religieux, comme le frère Gabriel Girard, accusé d’au moins vingt agressions. « Mais à chaque fois, l’agresseur était muté pour protéger la congrégation » déplorent-ils.
En 2021, le rapport de la Ciase a révélé l’ampleur du drame : 330 000 enfants victimes depuis les années 50. Pour Michèle et Gilles, ce rapport agit comme un électrochoc : ils lancent une mobilisation inédite en Bretagne. Ce combat débouche sur une reconnaissance publique des faits par les Frères de Saint-Gabriel en mai 2022. Une première historique. Et en novembre 2023, une vingtaine de victimes ont été reçues par le pape François, qui leur a présenté des excuses officielles.
Déterminés, Gilles et Michèle ont alors créé l’association Ampaseo, dédiée à la mémoire, la prévention et l’accompagnement des victimes. Depuis, les témoignages abondent, « les victimes deviennent les porte-voix d’une parole longtemps étouffée ». Pour Gilles Peuzé, « après les révélations sur Bétharram, c’est une nouvelle bombe ». Mais il se dit prêt à affronter les prochaines secousses.
(Source : France 3 Régions, 01.04.2025)