Descriptif

avec le témoignage d'un directeur des ressources humaines

On désigne par développement personnel (ou croissance personnelle) un ensemble de pratiques ayant pour finalité la connaissance et l’estime de soi pour mieux vivre et s’épanouir dans les différents domaines de l’existence. Depuis quelques décennies, offres et demandes de stages de développement personnel se rencontrent dans une dynamique de marché florissant.
 

Ses origines

Emanation du Nouvel âge, le développement personnel a sa source dans le Mouvement de développement du potentiel humain né à l’Institut Esalen, en Californie, dans les années soixante. C’est là qu’Abraham Maslow crée d’abord la psychologie humaniste, dont le but est l’épanouissement de l’homme et sa réalisation totale par la prise en compte de toutes ses dimensions. De cette discipline naît la psychologie transpersonnelle. Intégrant à la psychologie humaniste les traditions mystiques orientales ou chamaniques, elle s’intéresse aux états modifiés de conscience, susceptibles de transformer la personne sur tous les plans, de l’amener à vivre l’expérience de la dimension divine (« le dieu qu’elle est au plus profond d’elle-même »).
Dans cette optique de transformation de l’individu, le développement personnel propose à ceux qui le désirent un mieux être rapide, grâce à un certain nombre de pratiques.

Les pratiques

Elles ont toutes pour même objectif d’amener la personne à la découverte puis à l’accomplissement de soi. Elles sont en général groupales, le groupe étant considéré comme lieu de maturation du vrai moi. Elles se réclament autant de la psychologie que des spiritualités orientales tel le bouddhisme zen. Elles donnent libre cours aux expériences psychosensorielles et accordent à l’émotionnel plus d’importance qu’à la pensée et à la réflexion.

▪ Les « nouvelles thérapies », ou « psychotechniques », en constituent toujours des approches de choix. Très diverses, elles font appel à de multiples méthodes ou techniques utilisées séparément, en alternance ou combinées entre elles. On peut citer à titre d’exemple : la PNL, l’analyse transactionnelle, la pensée positive, la bioénergie, la Gestalt-thérapie, etc.

▪ L’atteinte d’états modifiés de conscience peut être obtenue grâce à des techniques (venues d’orient pour certaines) telles le rebirth ou la respiration holotropique. Des substances, illicites en France, sont utilisées pour parvenir à ces états modifiés de conscience. On trouve également des propositions de séjours à l’étranger, pour des stages de développement personnel par la voie du chamanisme, avec usage de drogues dites enthéogènes telle l’ayahuasca.

▪ Il existe aussi des stages de développement personnel proposant d’autres activités telles que des danses, des cercles de parole, des massages, des musiques, de l’art créatif, etc. Ces ateliers aussi divers que variés visent également, selon leurs promoteurs, à libérer, épanouir le potentiel humain.
 

Utilisation de ces pratiques

On comprend que dans notre époque assez troublée par des pertes de repères, des déracinements de tous ordres, nos contemporains vivent un certain mal-être. Et, l’offre de stages de développement personnel n’en est pas moins incitative.

Dans le monde du travail.

L’article L.900-1 du Code du Travail, dans sa rédaction issue de la loi du 4 mai 2004, stipule que « la formation tout au long de la vie constitue une obligation nationale ». D’autre part, la loi de 1971 donne obligation aux entreprises de consacrer 1% de leur masse salariale à la formation professionnelle. Ces deux dispositifs législatifs ont suscité des vocations de formateurs, souvent promoteurs d’une idée qui s’est imposée depuis les années 70, à savoir que pour être efficace, performant et même « gagnant », cadres et employés devaient se développer personnellement, se connaître et s’estimer. [cf. ci-dessous témoignage d’un DRH]

Dans le monde de la santé.

A l’instar du monde des entreprises, la formation continue dans le secteur de la santé connaît les mêmes pratiques. Il est encore plus facile de faire admettre aux personnels soignants qu’ils doivent se « soigner » pour apprendre à soigner. Ainsi, le développement personnel peut être un passage obligatoire dans certains cursus de formation initiale diplômante, notamment pour les professions paramédicales.

Pour un public plus large.

Le développement personnel est proposé lors de conférences, de salons divers tels ceux de « bien-être », dans des revues spécialisées. Il vise ainsi toutes les tranches d’âges, y compris des enfants que leurs parents peuvent confier à des « psychothérapeutes » souvent autoproclamés ou autres « énergéticiens », censés leur apprendre, par des techniques, à utiliser tous leurs neurones pour devenir plus tard des génies.
 

Dangers et risques

Outre les risques liés à un surinvestissement du « moi », à l’addiction au groupe et à la réduction au psychologisme du processus même du développement personnel, il existe de véritables dangers pouvant aller jusqu’à la dérive sectaire.

Les risques de déstabilisation dans un groupe de développement personnel

→ Liés au participant : totalement inadaptées pour régler des problèmes de pathologies mentales ou de bouleversements psychologiques, de telles séances peuvent conduire à d’éventuelles décompensations d’ordre psychique.

→ Liés à la dynamique de groupe : lorsqu’il est demandé à un individu d’aller à la découverte de lui-même, l’objectif, en soi, implique qu’il dévoile son intimité. Cette mise à nu, face à un groupe « voyeur », le rend vulnérable et le met au devant d’éventuelles perversions de ce même groupe.
Le rôle de l’animateur est, dans ce cas précis, prépondérant. Une éventuelle incapacité à gérer le groupe, à modérer les propos, voire à canaliser les réactions individuelles ou collectives représente un véritable danger.

Les risques d’aliénation et de déformation de la pensée

Les pratiques visant au développement personnel sont un canal de choix pour transmettre de façon insidieuse les idées du Nouvel Age : croyances et pratiques mystico-ésotériques, confusion du psychique et du spirituel, pseudo-science basée sur l’astrologie et l’ère du Verseau, théories sur la santé et les maladies. Dans ces stages il n’est guère requis de penser, l’émotionnel étant considéré comme supérieur à la raison pour se connaître et se développer.
Il est facile pour un animateur devenu leader de manipuler l’autre par des techniques comportementalistes en se posant comme celui qui sait tout de l’être humain alors que les psychotechniques utilisées ne sont pas, pour la plupart d’entre elles, des méthodes ou thérapies conventionnelles et éprouvées.

Les risques de devenir des victimes

L’offre abondante de stages de développement personnel peut, par un effet de mode, créer un besoin artificiel. L’engouement pour le développement personnel incite beaucoup de charlatans à exploiter le marché pour s’enrichir sur le dos des gens qu’ils ont su séduire et persuader de s’engager dans une telle démarche. Le risque existe que des personnes en quête d’elles-mêmes tombent sous emprise et se laissent abusivement manipuler par des vendeurs de « bien-être ».
Les mouvements sectaires ne sont pas les derniers sur ce marché douteux avec diffusion de tests de personnalité, et autres propositions diverses comme moyens de recrutement.

« La prudence s’impose car la découverte de soi n’est pas une simple formalité, et il faut se méfier de ceux qui se posent en révélateurs d’une personnalité humaine complexe par nature. »

 

Témoignage d’un Directeur des Ressources Humaines

La distorsion des processus de décision, l’incertitude des salariés suite aux problématiques du changement, l’instauration de la culture de l’excellence, déclenchent dans l’entreprise un climat de compétition et d’inquiétude.
Au moment de l’élaboration des plans de formation, les demandes de stage en développement personnel formulées par l’encadrement pour leurs collaborateurs, sont en constante évolution et portent principalement sur les registres suivant : l’amélioration de la confiance en soi, de l’estime de soi, de l’écoute et de la gestion des émotions.
Bien souvent ces demandes sont formulées de façon à pallier une carence managériale.
Tous les ingrédients semblent être réunis pour inciter les formateurs « charlatans » à venir frapper aux portes des entreprises pour proposer et vendre des stages en développement personnel en laissant entendre que ceux-ci s’appuient sur des bases rationnelles.
C’est là que doit intervenir la vigilance du DRH. Il doit s’assurer que les organismes avec lesquels il travaille sont certifiés ISO. Les prestataires vantant les vertus d’une seule méthode, ainsi que ceux qui proposent des formations sur plusieurs sessions sont à écarter. Tous les DRH ont en mémoire l’affaire AVATAR qui a ébranlé une grande entreprise du secteur public.