Musée du créationnisme… Suivez le guide

Sept ans de polémiques et 2 millions de visiteurs plus tard, le Creation Museum (Musée de la Création) distille sa pédagogie militante. Il accueille chaque année des familles nombreuses, des groupes paroissiaux en tee-shirt ornés de psaumes, de pieuses mennonites et des centaines de touristes prêts à verser 29 dollars pour découvrir « cette arche des croisés anti-Darwin » et démontrer la « véracité scientifique » de l’Ancien Testament.

Dès l’entrée, ce temple de la contre-culture impose son idéologie ; « Descartes et Galilée sont présentés comme des rebelles de la raison humaine contre l’omniscience divine ».
Si tout va pour le mieux dans la salle de la Création, tout se gâte dans la galerie suivante dite de la « corruption » où une salle entière décline les conséquences actuelles du péché originel. « Pour avoir écouté le serpent, Eve, condamnée à enfanter dans la douleur, traîne sa déprime et un gros ventre en regardant Adam biner des carottes ». La nature qui était accueillante devient dangereuse : les insectes se mettent à piquer, les plantes secrètent des poisons… Les doux végétariens de l’Eden deviennent de méchants carnivores.

Le Creation Museum explique aussi comment Caïn, fils d’Adam et Eve, a pu fonder une famille avec la seule femme disponible, sa soeur. S’ensuit une apologie de l’inceste, acceptable aux temps bibliques pourvu qu’on fût mariés…
En 2007, Answers in Genesis (Réponses dans la Genèse), une association religieuse, a investi plus de 27 millions de dollars pour construire ce bastion du créationnisme à Petersburg (Kentucky). Elle a été créée par le fondamentaliste Ken Ham, ancien professeur de sciences naturelles australien, recruté en 1987 par les créationnistes de l’Institute for Creation Research, en Californie.

En février dernier, il a annoncé la fin de la première tranche des travaux du futur parc d’attraction, Ark Encounters, « contenant la réplique de l’arche de Noé grandeur nature ». Noé répond lui-même aux questions choisies par les visiteurs sur un écran : « Les dinosaures? Mais bien sûr qu’ils étaient du voyage ! Dieu m’avait seulement envoyé un couple d’une espèce pas trop grande, pour qu’il tienne dans le bateau. »

(Source : L’Express, 29.03.2015)