Observer quoi ? Il est important, avant tout, d’observer les signes qui traduisent un changement dans les attitudes et le comportement de la personne. Il ne s’agit pas pour autant de formuler un diagnostic à partir d’une grille normative et infaillible définissant un profil type de l’adepte. Chaque individu est unique et nous envoie des signaux qui lui sont propres. Ainsi, la conjonction d’indices significatifs nous permettra d’apprécier relativement les modifications du comportement par rapport à l’image antérieure que nous avons de la personne. C’est donc à un ensemble de manifestations que l’on s’attachera pour apprécier l’importance et le sens de l’évolution du sujet.
Aide aux victimes
Que faire ? Comment faire ?
Le mode de relations avec un adepte, les moyens à employer pour l’aider sont induits par son état de victime, même s’il apparaît comme complice objectif de la secte à certains égards.
Mise en place d’une relation d’aide
Toute la famille ainsi que les amis sont appelés à apporter leur contribution, chacun selon ses compétences et ses possibilités. En s’engageant dans une relation d’aide, personne ne sait le temps qu’elle durera. Elle peut s’échelonner sur plusieurs années.
En aucun cas, il ne faudrait sous-estimer la gravité du processus de soumission sectaire, espérer que le sujet prenne conscience de sa dérive et soit assez lucide et fort pour s’en sortir seul : l’adepte, attiré, manipulé, embrigadé a perdu son esprit critique, la capacité de penser par lui-même. Aussi, il ne faudrait pas tomber dans le piège de se dire que l’on ne peut rien faire sous prétexte de respecter le libre arbitre et le libre choix de l’adepte. De même, n’avoir plus aucun autre recours que l’intervention musclée serait adopter une position violente qui renforcerait le discours des sectes sur la famille.
A quelle juridiction s’adresser?
Chaque type de litige relève de tel ou tel tribunal et en fonction du litige le demandeur doit saisir à la fois le tribunal matèriellement et territorialement compétent.
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Mécanismes de l’emprise sectaire
L’emprise sectaire, la mise en état de sujétion ont progressivement remplacé dans le vocabulaire des associations de victimes et dans le vocabulaire juridique ou administratif la « manipulation mentale ». Celle-ci faisait trop clairement référence aux méthodes nord-coréennes ou chinoises pendant la Guerre Froide. De plus, les psychologues ont beaucoup avancé sur la notion d’emprise perverse ou de harcèlement moral. On peut se référer notamment aux travaux de Kaës, Diet, Irigoyen ou Monroy.
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Proposition de loi
Le Président de l’Assemblée Nationale, Bernard Accoyer, vient de déposer une proposition de loi visant à accorder une immunité partielle aux personnes venant témoigner devant les commissions d’enquête parlementaire.
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Traitement juridique de l’allégation sectaire
Le traitement juridique de l’allégation sectaire constitue une réelle difficulté tant pour les victimes que pour les différents acteurs qui sont amenés à les accompagner : associations d’aides aux victimes, agents ou officiers de police judiciaire, procureurs, magistrats instructeurs, etc.
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Editorial
De tels exemples doivent nous rappeler que les mouvements sectaires travaillent souvent en réseau pour repérer, séduire, isoler progressivement de son entourage, et conduire une personne à s´engager dans un processus de transformation personnelle et de mise sous dépendance. Ils utilisent une succession de techniques éprouvées pour que les nouvelles recrues abandonnent leur libre arbitre… et se mettent au service d’un projet qui, en réalité, n’est pas celui pour lequel elles croient s’être engagées.
A chaque étape, une personne alertée et en bonne forme pourrait certes remarquer telle ou telle manoeuvre pour l’éloigner de ses proches, de subtiles critiques de son mode de vie ou de révision de son passé ; plus avertie encore, elle noterait, par exemple au cours d´un stage, que sa propre fatigue physique et mentale est programmée, qu’il y a clairement une intention d’affaiblir sa vigilance et son esprit critique.
Mais elle peut tout aussi bien perdre toute défiance devant l’attention qu’on lui porte, l’intérêt qu’elle semble susciter, la chaleur d’un groupe à son égard, le charisme ou la réputation d´un maître. Question de crédulité, de solitude ou de faiblesse momentanée pour certains, question de besoin de reconnaissance ou d´envie de changement ou par curiosité pour d’autres, les raisons sont aussi variées que les histoires sont personnelles.
Une fois engagée dans le groupe, ou devenue adepte convaincue d’une nouvelle théorie, la nouvelle recrue fera tout pour adopter comportement et modes de pensée qui lui ont été présentés comme désirables (allant même parfois au-delà de ce qui est demandé) : ses proches ne la reconnaissent plus, elle leur semble ne plus avoir de pensée personnelle. Ce qui faisait sa personnalité ne semble plus avoir le droit de s’exprimer.
Une ancienne adepte d’un mouvement sectaire, dont le témoignage a été publié dans le dernier numéro de Bulles, parlait de « capture d’âme » ; c’est bien de cela dont il s’agit, et on comprend qu’il faille beaucoup de courage, et souvent une aide extérieure, pour que l’adepte assujetti retrouve sa liberté.
La CAIMADES, une cellule spécialisée sur les sectes
Frédéric Malon explique que la création de CAIMADES (Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires) date de septembre 2009. Cette Cellule, nouvellement créée au sein de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ, est placée sous l’autorité de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
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Aider les victimes sans leur voler leur autonomie
Pour la présidente de l’UNADFI, Catherine Picard, « les adeptes désireux de s’affranchir d’un mouvement sectaire nécessitent un soutien tout particulier du monde associatif » qui joue alors un rôle d’interface avec la société et les assiste pour retrouver un logement et récupérer leurs droits, tout en les aiguillant vers des psychologues capables de les soutenir. Mais « il s’agit de les aider, sans leur voler leur autonomie ».