Marie Porte du Ciel

Le fondateur d’un groupe de prière de la ville du Tampon (La Réunion), Marie Porte du Ciel, sa femme et leurs deux enfants ont été placés en
garde à vue et mis en examen dans le cadre d’une enquête pour abus de faiblesse et blanchiment d’argent. Cette famille est soupçonnée de s’être enrichie au détriment de centaines d’adeptes. L’ouverture de l’enquête fait suite à des signalements de pratiques sectaires puis à des
plaintes déposées en 2013 par une dizaine de membres.

Selon les premières informations, l’association Marie Porte du Ciel composée de 700 à 800 membres, a été fondée en 1998 par un fonctionnaire à la retraite. Se réclamant du catholicisme, elle avait été dénoncée par l’archevêché de la Réunion, mettant en garde les fidèles sur les pratiques du groupe.
 

Décrit comme « très autoritaire et directif », le patriarche et fondateur du groupe maintenait ses adeptes sous emprise en les menaçant de maladies
ou de catastrophes. Il les persuadait qu’ils en seraient protégés par « la prière assidue et le respect des règles et des consignes ». Au sein du groupe, les
libertés d’aller et venir, de penser ou de choisir sont restreintes. Les adeptes doivent verser de l’argent sous forme de dons, acheter des objets religieux à
des prix prohibitifs (150 à 200 euros pour une image pieuse, plus de 2000 euros pour une statuette) et payer pour des séances de guérison. L’association organisait également des pèlerinages à Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Certaines victimes se seraient endettées pour satisfaire les volontés du leader.

Les interrogatoires ont révélé que ce dernier exerçait une emprise aussi importante sur sa famille que sur ses fidèles. Sa femme, retraitée de l’enseignement faisait le lien « entre Dieu et son mari » et animait les séances de prière. Son fils, ordonné prêtre en 2005 et curé de la paroisse du Chaudron bénéficiait des largesses paternelles. Les policiers ont retrouvé dans sa cure 40 000 euros en liquide et du matériel informatique récent. Il a été mis en examen pour blanchiment d’argent et recel de blanchiment d’argent. Sa soeur est soupçonnée d’abus de faiblesse, blanchiment d’argent et recel et semble n’avoir eu qu’un rôle secondaire. Elle semblait néanmoins destinée à prendre la suite de sa mère et jouait déjà un rôle dans la sujétion psychologique des adeptes.
 

Les investigations financières et patrimoniales concernant les gardés à vue ont révélé des mouvements et un train de vie très au-dessus des revenus
déclarés. Le GIR (Groupement d’intervention régionale) a découvert au domicile du patriarche 60 000 euros en liquide. En 17 ans, l’association lui aurait rapporté trois millions d’euros. La secte était gérée comme une entreprise dont les bénéfices n’ont jamais fait l’objet d’une déclaration au fisc.
En raison de la gravité des faits et pour éviter les risques de pression sur les plaignants, le gourou et sa femme âgés de 73 et 74 ans, ont été placés en détention provisoire malgré leurs contestations ; leurs enfants sont sous contrôle judiciaire.

(Sources : L’Info.re, 07.12.2015 & Clicanoo, 09.12.2015 & Le Parisien, Sébastien Gignioux, 14.12.2015)