Le syndrome du berger

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Psychiatre et psychanalyste québécois, Jean-Yves Roy s’intéresse aux causes de l’emprise psychologique d’un individu par un personnage reconnu comme un guide. Son analyse s’appuie sur de nombreux cas cliniques liés à sa pratique professionnelle. S’opposant à la théorie qui présente le gourou, « le berger » comme un prédateur pervers et l’adepte comme une victime innocente, il montre que la secte ne peut exister sans lui. Ce regard a le mérite de ne pas déresponsabiliser l’adepte.
Ce que J-Y Roy nomme « syndrome du berger » est l’interaction et la relation particulière qui naissent de la rencontre entre l’adepte et le gourou, sous forme de dépendance affective. Il relie ce syndrome de la pathologie de la relation, à la grande famille des addictions (dépendances pathologiques).
L’objet de cette étude est d’analyser la dynamique qui sous-tend ce « mariage de déraison » adepte-gourou. Ce qui prédispose l’adepte au syndrome du berger, c’est le « délire d’élection » construit autour d’une blessure d’amour-propre, le besoin de stimulation forte, le besoin d’inédit, l’intolérance au doute, à l’incertitude, et donc la nécessité d’atteindre une certitude absolue. Le berger souffre lui aussi de blessure narcissique. Il éprouve un besoin impératif de convaincre, d’être cru dans son délire, et d’être admiré. Il recrute de façon compulsive mais craint de perdre son disciple et cherche par tous les moyens à être réélu quotidiennement. L’adepte lui délègue « le privilège de la certitude », donne sa confiance, son énergie, en échange de son sentiment d’élection, qui l’amènera à une qualité d’être supérieur. Il consacre en quelque sorte ses efforts à sauver le berger qui lui-même propose le salut aux adeptes. Chacun a besoin de l’autre, et de ce fait, l’adepte a beaucoup plus de pouvoir qu’il ne le pense.
Pour finir, l’auteur définit les grandes lignes de la démarche d’aide aux anciens membres. Lorsqu’un adepte quitte un groupe sectaire, il est indispensable de retracer la question d’origine qui l’a conduit à cette expérience douloureuse, puis d’évaluer, comment, dans son nouveau milieu, lui donner un nouveau destin. Il lui faudra aussi faire le deuil de l’ancienne élection et reconstruire son identité personnelle et culturelle, dans une société ouverte, pluraliste et complexe.

  • Auteur : ROY Jean-Yves
  • Editeur : Boréal, 1999. - 276 p.
  • Date de publication : 05/12/2006