Eduquée dès son plus jeune âge pour devenir un parfait « Témoin de Jéhovah », C.B est sortie de ce mouvement peu avant ses 15 ans, en même temps que sa soeur jumelle et leur petit frère de 11 ans, sur décision d’un juge aux affaires familiales. Elle a mis dix ans pour commencer à prendre sa vie en main. Aujourd’hui, 20 ans après, elle garde encore des séquelles de cette vie où sa mère, très engagée dans l’exercice du culte et la prédication, l’élevait en « parfait petit soldat de Jéhovah », dans le but de « sauver » les « gens du monde » de la « destruction » des « méchants » en attendant Harmaguédon et la « grande guerre finale » contre les « armées de Satan ». Une culture de mort résume-t-elle… De son récit et de ses réflexions actuelles, on retient sa très grande difficulté à se protéger et à se reconstruire, en partie faute d’un accompagnement par des personnes connaissant l’éducation dans un mouvement sectaire et ses conséquences à l’âge adulte.
J’ai quitté Jéhovah, ma mère et cette enfance impossible à la fin de mes 14 ans. Ce fut en 1996, grâce au rapport de la commission parlementaire sur les sectes et à un juge aux affaires familiales qui, semble-t-il, en avait pris connaissance et nous octroya l’autorisation de rester dans le « monde », chez notre père. Le changement fut radical.
Je crois que j’étais très heureuse. C’était une grande victoire !
Je savais depuis plusieurs années que nous étions en danger en restant avec notre mère. Son regard éclatant à la lecture du Réveillez-vous de mai 1994, faisant l’apologie des « jeunes martyrs » ayant mis Jéhovah au-dessus de leur propre vie et décédés des suites de leur refus de transfusion sanguine, ce regard m’avait fait comprendre combien notre vie était secondaire par rapport à son amour pour Jéhovah ! Cela avait été un déclic. (…)