La Fraternité à Meylan

La Fraternité Saint-Pie-X mène un procès en diffamation contre le maire de Meylan. Cette fois, elle accuse l’élu de la commune iséroise pour des propos tenus dans le journal municipal.  Il y justifiait son refus qu’une église de ce mouvement soit construite dans la ville. 

En 2017, la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) demande un permis de construire pour une église de 650m2 dans son parc privé et un parking de 299 places. Déjà présente à Meylan depuis des années avec son école privée hors contrat et un prieuré, la communauté catholique parvient à faire valider son nouveau projet par la mairie de droite. Une association locale de gauche, MeyDIA, attaque FSSPX en justice en raison d’un manque de conformité de ces aménagements avec certaines règles d’urbanisme. La Fraternité modifie alors sa maquette en conséquence.  MayDia n’en reste pas là et décide d’activer un second recours en annulation, une demande rejetée par le tribunal administratif de Grenoble. L’association fait encore appel. Entre temps, la mairie a changé de représentant. Le nouveau maire divers gauche, Philippe  Cardin, hérite de ce dossier. Dans le journal municipal, il signe alors un édito dans le numéro d’avril-mai 2021. Il y exprime son inquiétude de voir une communauté intégriste s’installer davantage : « Ces valeurs sur lesquelles s’est construite la ville de Meylan sont bien différentes des messages extrémistes, intolérants et violents portés par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. » Il fait ici référence aux positions politiques radicales, racistes, antisémites et homophobes du groupe intégriste. Il dit agir au nom de la liberté d’expression en expliquant que ces gens sont « contre la liberté de croire » dès lors qu’il s’agit de musulmans, protestants ou juifs. En juillet 2021, FSSPX a porté plainte pour diffamation contre le maire et réclame 135 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à son honneur ».

Depuis, le maire est soutenu par le Conseil municipal qui a voté à l’unanimité la protection institutionnelle, ce qui permet que les frais de justice soient couverts par la mairie. Le conseil métropolitain va dans le même sens. Le mardi 8 février, jour du procès, un « rassemblement républicain » s’organise devant le palais de justice de Grenoble avec plusieurs élus de la région. De son côté, le parquet a estimé que les propos de Philippe Cardin n’ont en aucun cas excédé la liberté d’expression définie par la loi de 1881. Le jugement sera rendu le 29 mars. 

(Sources : La Croix, 03.02.2022 & France 3 Auvergne Rhône-Alpes, 08.02.2022)

  • Auteur : Unadfi