Sans révéler sa véritable identité, le journaliste s’est lancé dans l’exploration de la « médecine quantique » perçue chez certains tenants des médecines alternatives comme une véritable « révolution thérapeutique » contre… le stress !
Pour ce faire, il a consulté M. B., un bioénergéticien à Paris qui, bien que sans la moindre formation médicale, se targue de rétablir l’équilibre énergétique. Le diagnostic s’opère à partir d’un « scanner électro-interstitiel » et d’une machine censée effectuer un « bilan physiologique complet ». Le résultat est un « vrai-faux » bilan de santé, « caricature des résultats d’un laboratoire d’analyses médicales », d’où il ressort « trois menaces » pour le supposé « patient » : « un état anxio-dépressif, une hypertension angiotensinogène et une malabsorption intestinale » ! Un diagnostic hélas confirmé par un second appareil, l’instrument « incontournable de la médecine quantique », le système LIFE de la société XEDE qui, entre autres, envoie des impulsions électriques à travers le corps… Lorsque le journaliste quittera M. B., ce sera délesté de 80 euros mais riche d’une pseudo-ordonnance signée et d’un bon de commande pour 82 euros de gélules aux plantes !
Interrogé sur la « médecine quantique », le professeur François Trivin, qui dirige le service de biologie de l’hôpital Saint-Joseph à Paris et qui est vice-président du conseil national de l’ordre des pharmaciens, explique que cette pratique relève de l’exercice illégal de la biologie et de la médecine.
En France, une trentaine de praticiens dont trois médecins, sont équipés du fameux système LIFE vendu environ 15.000 euros. D’autres matériels concurrents existent, notamment le SCIO d’EPEX pour lequel la FDA, l’administration américaine pour la sécurité des produits alimentaires et de santé, a lancé « une alerte » afin de stopper son importation… Ce qui n’empêche pas sa commercialisation en France. Car le marché de « l’évaluation du stress » est porteur. La société TNR propose ainsi le « Stressomètre Comby », un appareil inventé par un polytechnicien, spécialiste de physique nucléaire…
Le coup de grâce (théorique) à ces machines miraculeuses censées mesurer le stress, est donné par Laurence Weibel, neurobiologiste et spécialiste de la prévention du stress au travail à la CRAM Alsace- Moselle. Elle rappelle que cette démarche requiert de croiser un certain nombre d’éléments tels des questionnaires, des entretiens, des marqueurs biologiques, la fréquence cardiaque, etc…
L’enquête du journaliste se termine par un petit détour par l’iridologie, le reiki et « les fleurs de Bach ». En quelques lignes, il prévient les amateurs éventuels : ces méthodes coûtent cher mais leur efficacité est tout, sauf démontrée.
Source : la peur de l’angoisse, un marché porteur, Sciences et Avenir, Olivier Hertel, mars 2010