Le concept de développement personnel trouve sa source dans les théories de la « psychologie humaniste » qui s’est développé aux Etats Unis (Esalen, Californie), dans les années 1960 et dont est issu le « mouvement du potentiel humain ».
Le développement personnel est directement issu d’une vision « positiviste » de la nature humaine, son leitmotiv est « deviens ce que tu es ».
Les formes du développement personnel
Le philosophe Michel Lacroix, dans son ouvrage « Le développement personnel », distingue ce dernier de la psychothérapie.
Son but est d’apporter un « plus » à l’individu, et non de combler des manques issus de son passé. En ce sens il s’adresse à des individus « en bonne santé psychique » désireux de mettre en place « un projet de vie. ».
« A la question relative au pourquoi, le développement personnel substitue une approche fondée sur le comment », il préfère « discuter des objectifs plutôt que des problèmes », il s’agit d’une pratique « tournée vers l’avenir et non vers le passé » .
Cette réalisation de soi peut prendre des formes différentes :
-*Le première forme se nomme l’Empowerment , elle « s’inscrit à l’intérieur de la sphère de l’ego. Elle vise à renforcer la position du moi, en augmentant ses pouvoirs, en développant ses aptitudes et ses compétences » : gestion des émotions, capacités intellectuelles, renforcement de la confiance en soi, réalisation de projets, amélioration de la communication interpersonnelle.
-*La seconde forme, connue sous le terme d’élargissement de la conscience « vise non pas à renforcer le moi, mais à le dissoudre. » Le but recherché « n’est pas l’affirmation de soi, mais la communion, la fusion avec le monde » afin d’aboutir à ce que l’on appelle « le sentiment océanique ». Cette voie entraîne l’individu vers les techniques provoquant des « états modifiés de conscience » : le rebirth, la respiration holotropique, la bio-énergie y trouveront leur source.
Les méthodes découlant de ces deux orientations sont innmobrables. Les magazines et les sites internet spécialisées dans le mieux-être proposent un nombre impressionnant de stages et conférences mêlant toutes sortes de concepts dont voici une liste d’intitulés non exhaustive :
Bioénergie, psychologie, bio-dynamique, astrologie structurale, iridologie, somatanalyse, intégration posturale, body mind movement, psychosynthèse, conscience énergétique des chakras, biosynergie, technique du dialogue intérieur, massage biodynamique, sophroyoga, training autogène…..
Le Coaching
Le coaching est une technique d’accompagnement individuel ayant pour but de libérer le potentiel de l’individu pour en faire un facteur de performance et de réussite.
Il permet de résoudre des problèmes personnels ou professionnels, de se fixer des objectifs et de donner du sens à ses projets, d’améliorer ses relations interpersonnelles.
Toutes ces techniques apportent un changement dans la façon d’envisager l’individu et son rapport à la société. Auparavant les contraintes sociales, extérieures, étaient considérées comme ayant un impact direct sur la vie de la personne. La société était vue comme « limitante ». Les théories du développement personnel présentent, au contraire la société comme un lieu d’épanouissement, « le lieu de tous les possibles »… Elle ne représente plus un obstacle à la réalisation de soi, les seules limites se trouvent dans les « croyances de l’individu » qu’il est désormais possible de faire évoluer rapidement.
Avec le développement personnel, la réussite est accessible à chacun, nous sommes tous égaux à la base, chaque individu possède le même potentiel. L’important est de posséder les « outils » qui permettent d’exploiter ses « capacités internes ».
Psychologisation de la société
Multiplication des stages de développement personnel, des méthodes de coaching, formation professionnelle à tout va… L’individu contemporain est soumis en permanence à l’injonction de changer, et d’être heureux en prime. C’est ce que l’on nomme le marché du mieux être. L’individu se déleste de sa capacité à agir sur sa vie en la confiant à un spécialiste. Une véritable démission de soi au profit de ceux que Roger Pol Droit nomme les « marchands de bonheur ».
Le système consumériste actuel a transformé le plus intime de l’homme, sa psyché en un produit de consommation que l’on peut accessoiriser, mettre à jour grâce à des techniques dont les versions changent régulièrement et qui le rendront plus opérationnel. Le tout sous un habillage humaniste. La boucle est bouclée : dans sa quête perpétuelle du bonheur, l’homme s’est aliéné au système. C’est un lent processus par lequel l’individu, en tant que sujet pensant, vient à se nier lui même et à renier sa liberté au profit de ce que Roger Pol Droit nomme « un totalitarisme radieux ». Enfermé dans son paradis virtuel avec l’idéal d’une vie totalement heureuse, il refuse d’assumer les risques liés au fait même de vivre ( la souffrance, l’échec et même la mort), de prendre des risques et d’engager sa personne dans le monde réel, celui de la société.
Le phénomène sectaire, tout comme la société et les mentalités, a évolué au cours de ses dernières années. On assiste à une multiplication de réseaux, micro-groupes d’emprise, bien loin des grandes structures sectaires hiérarchisés.
Aujourd’hui des relations d’emprise, de manipulation naissent et prospèrent au sein même des entreprises, durant des week-end de développement personnel, au cours d’une thérapie… Les individus travaillent, consomment, sont présents dans la société mais se sont dépossédés de leur capacité à penser et à agir sur le monde, de leur libre arbitre au profit d’un mieux-être virtuel. Cette situation laisse la porte ouverte à la multiplication de « gourous » en tous genres qui tirent profit d’un système où l’individu se sent désœuvré.