
De nouveaux corps ont été exhumés dans le village côtier de Kwa Binzaro, portant à 34 le nombre de dépouilles découvertes, selon l’ONG « Vocal Africa ». Onze personnes ont été interpellées.
Ces nouvelles fosses communes, révélées début août, pourraient être liées au culte de Shakahola, où plus de 450 corps avaient été retrouvés en 2023.
D’après la police anti-terroriste, qui a déposé devant la cour de Malindi, onze suspects ont été arrêtés. Ils seraient des fidèles du pasteur Paul Mackenzie, fondateur de l’Église internationale de la Bonne nouvelle, déjà jugé avec près de 90 complices pour terrorisme et incitation au jeûne mortel.
Les premières analyses des téléphones confisqués révèlent que le groupe disposait de fonds pour recruter à travers le pays, louer des maisons à Malindi et y retenir des victimes avant de les transférer à Kwa Binzaro, où elles étaient affamées. Parmi les personnes interpellées, l’une retient particulièrement l’attention des autorités. Il s’agit de Sharlyne Temba, une jeune femme âgée de 30 ans surnommée « le cerveau ». Présentée comme une prêtresse, elle aurait organisé le culte.
Les enquêteurs redoutent que des enfants de suspects, portés disparus, fassent partie des victimes dont les corps n’ont pas encore été retrouvés.
Carolyne Odour vit dans l’angoisse depuis deux mois. Ses fils Daniel, 12 ans, et Elijah, 9 ans, ont disparu avec leur père, adepte des enseignements du pasteur autoproclamé. En août, elle a reconnu le corps en décomposition de son mari, Samuel Owino Owoyo, à la morgue de Malindi. Les enquêteurs soupçonnent une strangulation, méthode parfois utilisée contre les fidèles trop lents à mourir de faim. Les tests ADN doivent déterminer si ses enfants figurent parmi les corps récemment exhumés. Pour la mère de famille, le cauchemar avait commencé il y a plusieurs années, quand son mari s’était radicalisé, refusant l’école et les soins médicaux pour leurs six enfants. Le 28 juin, il avait quitté leur maison du comté de Busia avec les deux cadets.
Le gouvernement kenyan a annoncé vouloir durcir la législation encadrant les organisations religieuses afin de freiner l’extrémisme. Sur le terrain, les habitants de Kwa Binzaro subissent indirectement les conséquences de ce drame. L’accès à la forêt leur est désormais interdit, privant nombre d’entre eux de ressources vitales.
(Sources : RFI, 28.08.2025 & BBC, 01.09.2025 & Yeni Safak, 04.09.2025 & RFI, 08.09.2025)
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