La médecine anthroposophique

Suite à la recrudescence des cas de rougeole, le Québec a découvert que certains groupes étaient opposés à la vaccination. La question s’est également posée aux États-Unis ces dernières semaines où l’éclosion de la maladie (121 cas dans 17 États à la mi-février) a pu être associée à des mouvements anti-vaccination. L’agence Science-Presse a voulu savoir pourquoi l’un d’eux, l’Anthroposophie, était opposé à cette avancée scientifique et comment cette opposition s’affichait au sein de ses écoles Steiner Waldorf. Elle a interviewé Grégoire Perra, ancien élève et ancien professeur d’une école Waldorf.

Pour contrer la médecine conventionnelle, perçue comme matérialiste, Rudolf Steiner et Dre Ita Wigman, ont inventé la médecine anthroposophique. Elle prône les médecines alternatives comme l’homéopathie et se focalise sur le corps spirituel pour ne pas interférer avec notre karma. Or, le vaccin, en empêchant de déclarer une maladie qui devait être contracter, est forcément un handicap pour une prochaine incarnation car il entrave le processus karmique.
Grégoire Perra se souvient des séances de vaccination : la seringue contenant le sérum était prête, mais le liquide n’était pas injecté. Les familles devaient choisir leur médecin parmi les médecins anthroposophes, « c’est donc lui qui va tenir aux parents un discours anti vaccination ». Pour l’expliquer, il n’évoquera pas la réincarnation mais prétextera que les vaccins peuvent être dangereux pour la santé, que les enfants doivent contracter des maladies infantiles pour se débarrasser « d’une certaine hérédité ». Les écoles Waldorf s’en défendent et prétendent mettre en avant les « choix personnels des parents ».

Pour l’avoir pratiquée, Grégoire Perra, affirme que la médecine anthroposophique est de la charlatanerie. « Soigner un nourrisson qui a une otite et fait des convulsions en lui mettant des oignons frits dans l’oreille, afin que ceux-ci absorbent le mal qui est en lui, n’est qu’un exemple ».
L’anthroposophie repose sur la croyance en une réalité spirituelle parallèle mêlée de doctrines ésotériques, où dominent la réincarnation et l’existence de l’Atlantide. De la pédagogie à la santé, l’anthroposophie influence les choix de ses adeptes. Tous les parents ayant confié leurs enfants aux écoles Steiner Waldorf ne sont pas forcément des adeptes de l’anthroposophie mais ils sont amenés à adopter, en conscience ou pas, ses préceptes.

(Source : Agence Science-Presse, Isabelle Burgun, 16.02.2015)