Ouvrage qui est le fruit d’une enquête de plus de douze ans dont six dans le cadre d’une convention conclue avec le Ministère des Affaires sociales. Il porte à la connaissance du grand public des informations disponibles depuis 1994 « au sein de l’appareil d’Etat » puisqu’à cette époque, Paul Ariès était l’auteur d’un rapport de mission sur le satanisme. Jusqu’à la parution du présent ouvrage, il avait choisi de taire certaines informations pour préserver des enquêtes en cours.
Le satanisme qui séduit les jeunes et qui inquiète les pouvoirs publics est aussi l’héritier de toute une tradition de « satanisme symbolique » qui vise à « choquer pour faire tomber les masques » de la société. Il prend de nouveaux visages en flirtant avec le « vampirisme ou certaines sexualités marginales ». Non seulement il cohabite avec des pensées « extrémistes religieuses ou politiques » mais il est désormais passé du domaine religieux au domaine politique. Paul Ariès a enquêté dans cet « univers d’ombres » où la manipulation côtoie les rumeurs.
Paul Ariès a essayé d’en comprendre « l’essentiel ». Il en conclut que les diverses expressions du satanisme moderne « tendent à s’unifier comme si le satanisme devait, lui aussi se mondialiser et se globaliser ». Internet y joue un rôle de premier plan et l’on constate que ce courant n’est plus l’apanage du monde occidental mais touche maintenant les mondes musulman et asiatique !
L’auteur se penche sur le phénomène des jeunes qui se disent satanistes et qui, dans leur ensemble, sont « tout sauf des satanistes ». Ils se tournent vers ce courant à défaut d’autre perspective. Paul Ariès y voit là une « philosophie du désespoir » et un nihilisme du pauvre » ! Le danger vient que la société accepte qu’une partie de ses jeunes s’endoctrine ainsi. Les « vraies sectes » n’ont plus qu’à les cueillir ensuite ! L’auteur déplore enfin que les enseignants ne disposent pas d’éléments qui leur permettent de repérer les jeunes en danger. Il appelle les pouvoirs publics à réagir… rapidement et d’autant plus qu’il existe une véritable stratégie métaculturelle d’infiltration en direction de la jeunesse de la part de certains mouvements sataniques.
L’auteur analyse sa culture, portée par un commerce florissant, un environnement qui utilise fréquemment des thèmes pseudo-sataniques et des pratiques particulières des plus « anodines » (tatouages, piercings…) aux plus extrêmes (jeux vidéos hyper-violents, jeux de rôle…). Il développe tout l’aspect de la musique satanique, notamment du rock, et révèle qu’Aleister Crowley, gourou de la secte de l’Ordre du Temple d’Orient a été « lancé » dans les milieux du rock anglais par des groupes et des chanteurs tels que les Beatles, les Rolling Stones, David Bowie et Sting !! Il s’attarde sur le (presque) mythe de l’américain Marilyn Manson, personnage qui se livre à toutes les transgressions ainsi que sur le rock satano-viking norvégien qui plonge dans le néo-nazisme.
« Métastase d’une société malade », le satanisme méritait bien cette étude approfondie. Mine d’informations, de révélations, elle développe tous les aspects de ce courant, fait le tour de tous les personnages qui lui sont liés et décrit plusieurs dizaines de sectes.
Voilà qui en fait un véritable ouvrage de référence.