Kamila Dydyna, réalisatrice polonaise installée en Irlande depuis 12 ans, a lancé une levée de fond en 2019 pour réaliser « Débutante », un court métrage sur « la perte de foi et d’identité ». Le film, dont le tournage devrait débuter en janvier 2020, relate le passage d’une adolescente Témoin de Jéhovah devant le comité judiciaire de sa congrégation pour avoir eu des relations sexuelles avec son petit ami avant le mariage. Si elle-même n’a pas eu à vivre un tel calvaire, elle veut faire connaître « les politiques incroyablement nuisibles » en vigueur dans le groupe telles que l’évitement et « le contrôle religieux dans tous les aspects de la vie ».

Ancienne Témoin de Jéhovah, elle n’a pas été exclue comme le personnage de son film, elle s’est éloignée progressivement après avoir longtemps été une adepte zélée.

Née en Pologne, elle a rejoint le groupe avec sa mère vers l’âge de dix ans. Sa soeur et son père n’ont jamais voulu y adhérer. Elle pense que l’alcoolisme de ce dernier est une cause de l’adhésion de sa mère au mouvement au sein duquel, enfin valorisée, elle avait trouvé soutien et réconfort. Enfant, Kamila éprouvait une grande fierté, voire « un sentiment de supériorité » d’appartenir à la « vraie religion ».

Elle compare son investissement de l’époque à une addiction.

Comme son héroïne, elle a commencé à remettre en cause ses croyances à l’adolescence, lorsqu’elle est entrée à l’université malgré l’opposition de sa congrégation qui essayait de l’en dissuader car les études sont perçues comme une menace pour la foi.

Ses études l’ayant obligée à déménager dans la ville d’Opole, elle s’est sentie seule. Pour ne pas sombrer dans la dépression, elle s’est engagée intensivement dans la communauté locale tout en étudiant consciencieusement.

Épuisée au bout d’une année à ce rythme, elle a cessé toutes ses activités, ce qui lui a valu de voir les membres de sa nouvelle congrégation se détourner d’elle. Elle ne méritait plus leur soutien puisqu’elle n’était plus assez exemplaire. Un Témoin devant toujours avoir l’air d’être heureux, elle éprouvait un fort sentiment de culpabilité. Cette pression psychologique l’a conduite chez un psychologue grâce auquel elle a enfin pu laisser sa colère s’exprimer et commencé à travailler sur la manipulation émotionnelle et le sentiment incessant de culpabilité générés par le groupe.

Mais c’est à Dublin qu’elle quittera définitivement la communauté, malgré la crainte de ne pas pouvoir changer des croyances ancrées en elle depuis son enfance.

(Source : Irish Times, 07.01.2020)

Pour en savoir davantage sur son film : https://debutante.kamiladydyna.com/wp/