Main basse sur les enfants

Menant depuis de longs mois une enquête approfondie sur la base de témoignages d’anciens membres de Word of Faith Fellowship, l’Associated Press (AP) vient de révéler comment le groupe a réussi à soustraire plusieurs enfants à leurs parents pour les faire élever par des adeptes. Dans de nombreux cas, ces enfants avaient même été ligués contre leurs parents.

Pour garder la main mise sur les enfants, Jane Whaley, la leader de Word of Faith Fellowship, exerce un contrôle constant sur eux. Ils sont éduqués dans des écoles du groupe, ont très peu de contacts avec l’extérieur, ont l’interdiction de regarder la télévision, ne fêtent pas Noël et leur anniversaire. Toute violation de ces règles est attribuée au démon et est sanctionnée par un « dynamitage », des coups et des cris censés les chasser. Malgré cela, les enfants sont tenus de toujours faire bonne figure pour ne pas nuire à la réputation du groupe.

Trois mères célibataires, racontent comment Laura Bridges, adepte du groupe, profitant de sa profession de greffière, avait court-circuité un système d’accueil social. Toutes trois avaient en commun d’avoir été condamnées à de courtes peines de prison. Profitant de leur situation, Laura Bridges leur avait offert de garder temporairement leurs enfants en attendant qu’elles en sortent. Une fois libre, aucune d’elle n’a pu récupérer son enfant, dont la garde permanente avait été obtenue par la famille Bridges.

L’une d’elle, Keela Blanton bataille depuis 2008 pour reprendre l’un de ses quatre enfants, condamnée à deux mois de prison, elle croyait avoir confié temporairement son bébé à Laura Bridges, mais à sa sortie elle n’a pu le récupérer et a seulement obtenu une garde conjointe avec le couple Bridges. Keela Blanton constata qu’après chaque visite chez le couple, l’enfant revenait très anxieux et portait parfois des traces de coups. Évalué par un expert, l’enfant présentait tous « les signes d’emprise et de lavage de cerveau ». Durant la bataille judiciaire, Keela Blanton a subi de si nombreuses pressions de la part du groupe, qu’elle fit une tentative de suicide.

En 2014, si le juge a reconnu que Laura Bridges avait outrepassé ses fonctions en profitant de son poste pour se faire confier les enfants de personnes en détresse, il lui en donna quand même la garde exclusive. Plusieurs fois, le groupe a usé de son influence pour mettre des enfants sous sa coupe.

Shana Muse en a fait les frais. En proie à des problèmes de drogue, elle fut convaincue par ses soeurs de rejoindre l’Eglise afin d’y trouver de l’aide. Mais les séances de « dynamitage » subies par ses quatre enfants et d’autres membres de la secte l’on poussée à rompre avec le groupe en 2002. Ayant fait part à Kent Covington, à la fois son employeur et haut dignitaire de l’Église, de son intention de partir avec ses enfants, le soir même, elle trouva sa maison vide. Elle signala leur kidnapping à la police locale. Les dirigeants du groupe, ainsi que sa propre soeur en profitèrent pour expliquer que la garde des enfants leur avait été confiée car leur mère les maltraitait. Déstabilisée, Shana Muse laissa ses enfants aux soins des Covington qui lui firent signer ce qu’elle pensait être un accord de garde temporaire. Deux mois plus tard, lorsqu’elle revint chercher ses enfants, elle découvrit qu’elle leur avait donné la garde exclusive. Bien décidée à se défendre, elle entama une longue bataille judiciaire, au cours de laquelle la violence institutionnalisée de l’Eglise fut mise en évidence. Les enfants de Shana furent retirés aux Covington et placés en famille d’accueil. A ce jour, trois des quatre enfants de Sahana Muse ont quitté Word of Faith et ont rejoint leur mère. Sa soeur s’est également retirée et regrette encore d’avoir témoigné contre elle.

(Source : Fox News, 13.11.2017)