La psychanalyse va-t-elle disparaître ?

Elsa Godart, philosophe, s’interroge sur l’avenir de la psychanalyse si elle ne revoit pas ses méthodes et ne s’adapte pas aux mutations de la société.

Le psychanalyste mutique n’attire plus, de même que la durée des cures s’étalant sur plusieurs années. Dans une société de l’immédiateté, les patients veulent des résultats rapides. Selon Elsa Godart, « c’est ce qui fait le succès du développement personnel et des thérapies brèves ». « On voudrait se débarrasser de l’angoisse ou de l’anxiété comme on arrache de mauvaises herbes, on ne cherche plus à comprendre. Pourtant, déplore-t-elle, ces thérapies restent limitée aux symptômes et ne cherchent pas les vraies raisons du mal-être.

On compte à ce jour près de 400 types de thérapies brèves (EFT, EMDR, PNL…). Une vraie mode qui attire un public toujours plus nombreux dans les festivals et les salons destinés à les promouvoir, à l’instar du « Festival pour l’École de la vie » organisé près de Montpellier et qui a été fréquenté en 2017 par plus de 15 000 visiteurs en trois jours.

Face à cette déferlante, certains professionnels, à l’image de la psychologue clinicienne Jeanne Siaud-Facchin, ont décidé d’ouvrir leur pratique professionnelle aux thérapies comportementales.

Elsa Godart ne voit pas d’un bon oeil « toutes ces recettes piochées ici et là au gré de manuels de mieux-être » qui, selon elle, proposent « une voie qui empêche de penser en tant que sujet. » La psychanalyste Sophie Cadalen ajoute, « on nous suggère de mettre à distance nos émotions négatives, mais tout cela contribue à nous faire rentrer dans le rang… Au lieu de nous pousser à vivre plus grand. »

Pour Elsa Godart, la seule solution pour éviter le déclin de la psychanalyse est d’assouplir la pratique et de développer une approche pluridisciplinaire.

(Source : Madame Le Figaro.fr, 14.02.2018)

  • Auteur : Elsa GODART
  • Editeur : Albin Michel
  • Date de publication : 16/03/2018