Underground

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Avec « Underground », l’écrivain japonais Haruki Murakami analyse les conséquences de l’attentat au gaz sarin commis par la secte Aum dans le métro de Tokyo le 20 mars 1995, attentat qui coûta la vie à 12 personnes et en intoxiqua 5.500 autres. L’intérêt de l’auteur pour cet évènement dramatique avait jailli après la lecture d’un message dans un magazine féminin : il provenait d’une femme dont le mari souffrant de séquelles comme plus d’un millier d’autres personnes, avait perdu son emploi à la suite de l’attentat. Ce message lui avait causé un choc et il a voulu comprendre pourquoi la victime d’un acte violent purement arbitraire avait pu souffrir d’une « victimisation secondaire ».

Les médias japonais avaient « bombardé » leurs lecteurs d’informations et de portraits des membres de la secte, reléguant les victimes au second plan et les rares témoignages publiés n’étaient qu’un assemblage clinquant de formules vides.
Haruki Murakami a donc entrepris d’interroger les survivants de l’attaque et pendant presque un an, de début janvier à fin décembre 1996, il a mené des entretiens, aidé par deux assistants. A partir d’une liste de 700 noms, les trois enquêteurs n’ont pu identifier que 140 personnes. Et seules 40 % ont accepté d’être interviewées. Au final, 62 interviews ont été obtenues, toujours avec le souci de respecter la volonté des interlocuteurs. Il apparaissait que le degré des blessures infligées par cet attentat variait considérablement d’une personne à l’autre.

L’ouvrage « Underground » fut publié une première fois en 1996 au Japon. Mais de nombreux lecteurs firent remarquer à l’auteur qu’il manquait à son livre le point de vue des adeptes de la secte. Murakami avait donc remis son livre en chantier et rencontré les terroristes impliqués. Leurs réponses offrent un éclairage unique sur le fonctionnement des sectes et permettent de comprendre « certains aspects de la mentalité japonaise, particulièrement vulnérable lorsqu’elle est confrontée au rouleau compresseur intellectuel, moral et affectif » d’une organisation comme Aum. Ainsi l’auteur dresse-t-il, entre autres, le portrait de l’adepte, Ikuo Hayashi, un ancien chirurgien réputé qui fut choisi par le chef de la secte, Shoko Asahara, pour mener l’attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo. A un moment de sa carrière Hayashi semble avoir éprouvé de « sérieux doutes » concernant sa profession et se laissant séduire par « les enseignements charismatiques » de Shoko Asahara, il avait démissionné de son poste et quitté ses proches…

Source : Prévention sectes, 31.01.2013 & L’Express, Philippe Delaroche, 07.02.2013

Pour plus d’informations sur Aum, consulter dans la revue de l’UNADFI, Bulles n°83.

  • Auteur : Haruki Murakami, traduit de l’anglais par Dominique Letellier
  • Editeur : Editions Belfond, 2013
  • Date de publication : 13/03/2013