Protéger et respecter la citoyenneté de la personne âgée – prévention du risque de dérives sectaires en établissements sanitaires et médico-sociaux,

S’il n’existe pas de définition juridique de la secte, Catherine Picard, la présidente de l’Unadfi explique que « la dérive sectaire, c’est l’intentionnalité d’exercer une emprise sur une personne vulnérable, sachant que la vulnérabilité n’est pas un état constant mais un état passager.» Selon elle, « les personnes âgées, en raison de leur santé, de leur isolement ou de leur perte d’autonomie, peuvent être plus facilement la proie de personnages peu recommandables ».

Pour la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui reçoit une majorité de signalement dans le domaine de la santé, les personnes âgées peuvent constituer une cible de choix pour toutes sortes de mouvements sectaires et de pseudo thérapeutes.

C’est pourquoi elle a conçu, en collaboration avec Camille Gautard1, un guide destiné aux directeurs des EHPAD, qui fait le point sur les risques de dérives sectaires au sein des établissements accueillant des personnes âgées et propose des actions pour les en protéger.
La Mission liste quatre portes d’entrées possibles dans les EHPAD :

• Des membres du personnel pouvant diffuser les théories de mouvements auxquels ils appartiennent,
• Un projet d’établissement s’appuyant sur des méthodes non-reconnues,
• L’entourage de la personne âgée,
• Des personnes extérieures à l’établissement, bénévoles ou organisations, proposant des animations.

À l’occasion de la parution du guide, le magazine ASH (Actualités Sociales Hebdomadaires) a interrogé Annabelle Vêques-Mainou , directrice de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa). Elle explique que le risque sectaire peut exister en établissement, mais qu’il est surtout important à domicile à cause de l’isolement. C’est pourquoi la Fnadepa a informé ses adhérents de la parution du guide et leur a communiqué le questionnaire figurant en annexe VII « visant à évaluer les risques d’abus, de maltraitance et de négligence sur une personne âgée. »
Le journal a également interrogé deux intervenants en médecine alternative, Johanne Razanamahay-Shaller, chamane, guérisseuse et Jean-Claude Guyard, fondateur d’une école de kinésiologie. Les deux ont affirmé que la MIVILUDES, loin de faire un travail de prévention, agit au nom des lobbies pharmaceutiques .[sic]

Camiile Gautard, auteure du guide de la Miviludes, explique, quant à elle, que les pratiques listées dans l’ouvrage, ne sont pas synonymes de dérives sectaires, mais qu’« en l’absence d’encadrement ministériel et de validation scientifique, ces pratiques sont plus sujettes à des débordements. »

(Source : ASH, avril 2018)

1. Élève-stagiaire de la filière des directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (DESSMS) de la promotion 2016-2017 de l’École des Hautes Études en Santé Publique, dans le cadre de son mémoire de stage extérieur en octobre 2016.

  • Auteur : Camille Gautard, Miviludes
  • Editeur : Miviludes
  • Date de publication : 01/03/2018