Réaction de l’UNADFI au rapport 2005 de la MIVILUDES

A la lecture du rapport de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES), l’Union Nationale des Associations pour la Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes (UNADFI) se joint totalement aux remarques et aux préconisations qui y figurent. Ce rapport marque aussi le dixième anniversaire de l’affaire de l’Ordre du Temple Solaire, affaire qui a provoqué la prise de conscience de l’ensemble de l’opinion publique française sur la dangerosité des organisations sectaires.


La MIVILUDES dresse un constat inquiétant, relevant que des dérives sectaires se produisent dans tous les secteurs de la vie sociale : soins et santé, formation continue et soutien scolaire, sports et activités culturelles… Elle n’hésite pas à parler d’une « menace sectaire » sachant s’adapter en permanence « tant à la demande » qu’à « l’évolution des mesures adoptées par les pouvoirs publics » et « mettant tout en œuvre pour passer à travers les mailles du filet législatif ».

L’UNADFI se positionne sur la même ligne que la MIVILUDES lorsqu’elle met en exergue la protection des mineurs face à l’emprise sectaire exercée à leur encontre, soit par l’intermédiaire de parents adeptes, soit directement lorsqu’ils sont ciblés par certains mouvements. Une Journée d’études du Groupe d’études sur les sectes avait d’ailleurs, le 30 mars dernier, fait le point sur la protection de l’enfance face à ce danger. Certaines organisations sectaires n’hésitent pas en effet à afficher une soi-disant « lutte contre la toxicomanie », un « refus de la violence » ou « une défense des droits de l’enfant » en direction des jeunes. La MIVILUDES et l’UNADFI ne sont pas dupes : « ce beau langage » est un leurre et dissimule une « volonté de prosélytisme », de « mise en situation de dépendance ou d’emprise mentale ». Sous couvert de générosité également, les sectes s’entendent à « polir leur image humaniste » en tentant d’investir l’aide humanitaire d’urgence.

Enfin, en diapason avec l’UNADFI, la MIVILUDES constate les tentatives d’entrisme des grandes organisations sectaires multinationales « au cœur des entreprises les plus performantes et les plus sensibles ». Elle souligne l’engouement actuel pour les « alter-médecines » qui ne bénéficient d’aucune validation scientifique et sont exercées pour la plupart par des « thérapeutes » autoproclamés. Cette négation des progrès de la science et de la recherche constituent pour l’humanité « un véritable pas en arrière ».

Et dans ce domaine de la santé, précisément, l’UNADFI s’insurge contre un autre recul du fait, cette fois, du Ministère de la Santé et des Solidarités qui vient de présenter un nouveau projet de décret réglementant l’usage du titre de psychothérapeute. Cette nouvelle mouture allégée ouvre une brèche à tous les charlatans et néglige de protéger les patients… ce qui était pourtant bien l’objectif de départ ! Ce revirement n’est-il pas en contradiction avec les mises en garde de la MIVILUDES sur les risques de certaines pratiques psychothérapeutiques ? L’UNADFI rejoint d’autres associations et le Groupe de Travail Parlementaire, revendiquant pour les patients le droit à être pris en charge par des professionnels compétents et, pour les victimes de psychothérapies déviantes et abusives, celui d’être pris en compte par le législateur.

Catherine Picard, Présidente de l’UNADFI