Claire Champollion

Dans le dernier numéro de BULLES qui fêtait les 20 ans de ce bulletin, le nom de Claire Champollion n’apparaissait qu’une fois mentionnant l’interview publiée en 1992 dans le numéro 33 . Nous avons bien plus à en dire.


Le Docteur et Claire Champollion furent parmi les premiers atteints en la personne de leur fils pris par la secte Moon un soir d’octobre 1974. Ils ont alors pris conscience du danger que représentaient les sectes qui, depuis, ont envahi l’Europe et de la nécessité d’une campagne d’investigations et d’informations.

Il faut relire cette interview pour comprendre le rôle de premier plan qu’a pris d’abord son mari (décédé en 1975) puis celui de Claire. Après la création de l’ADFI de Rennes, en 1974, ce fut celle de l’UNADFl et de ses 36 filiales.

Bénéficiant d’une large culture, professeur de langue et de civilisation allemande à l’université, maîtrisant également l’anglais, elle avait des amis et collègues en Autriche, Allemagne, Angleterre, Etats-Unis. Elle lança des appels dans toutes les directions. Plus tard, à ces premiers collaborateurs s’ajoutèrent des correspondants au Danemark, au Japon, en Grèce, en Australie, en Russie … partout où le  » fléau » sévissait.

Elle effectua de nombreux voyages à l’étranger dans ce cadre et participa activement, chaque fois qu’elle le pouvait, aux colloques organisés pour la lutte contre les sectes. Elle acquit aussi une documentation abondante et sûre provenant soit d’associations similaires à l’ADFI, soit de familles concernées… Alors, suivant ses propres mots, « elle rassemble, inventorie, lit, traduit, synthétise … » Ses recherches étaient exigeantes, ses références précises, ses jugements fondés. Sa compétence sur les questions sectaires devint ainsi reconnue et universelle : les motifs des sectes, leurs projets, leurs tactiques et, plus particulièrement pour la secte Moon, l’amalgame entre visées politiques et religieuses.

A l’équipe de rédaction de BULLES, elle apportait le résultat de son travail car, jusqu’au bout, malgré l’éloignement et la fatigue, elle participa aux réunions à Paris ; elle était encore là le 12 Juin dernier. Quand son état de santé s’y opposait, elle compensait son absence par des articles dont, au fil des années, on peut retrouver la trace, même s’ils ne sont pas signés.

Son zèle et son travail incessants étaient entretenus, moins par la curiosité pour un problème qu’elle savait grave que par la souffrance évidente, bien que discrète, qui ne s’était jamais éteinte depuis ce fatidique soir d’octobre 1974.

Elle nous a quittés le 24 juillet … trop discrètement à notre gré puisque nous n’avons pu assister à ses obsèques. Mais nous savions qu’elle affrontait sans peur la fin qu’elle savait prochaine et, ainsi qu’elle le confia à des amis, qu’elle partait « sereine et en paix ».

Merci Claire.