La Famille, itinéraires d’un secret

Fruit d’une enquête d’un an et demie, l’ouvrage de la journaliste Suzanne Privat dévoile l’histoire et le fonctionnement de La Famille, une communauté restée secrète durant deux siècles alors que ses 3000 membres vivent en plein cœur de Paris.

L’enquête de Suzanne Privat, a pour point de départ des photos de classe de ses enfants. Des ressemblances frappantes entre certains élèves, des patronymes qui se répètent et la présence de plusieurs élèves ayant des liens de parenté attirent son attention. Une recherche de leurs noms de famille sur internet la met sur la piste de deux anciens membres. Ils lui ont confié des documents et une généalogie du groupe lui permettant de faire la lumière sur cette communauté dont les membres sont des héritiers jansénistes des convulsionnaires de Saint Médard, datant du XVIIe siècle.

Habitant les 11e et 12e arrondissements de Paris, cette communauté regroupe huit familles dont les membres ne vivent et ne se marient qu’entre eux pour conserver leur pureté. Ce qui pose de sérieux problèmes de consanguinité qui se traduisent par des maladies génétiques et une mortalité prématurée pour certaines familles.

Leur vie quotidienne est régie par des règles très strictes. Les enfants sont scolarisés, mais ne participent à aucune sortie et ne se mélangent pas aux autres élèves. Les adultes qui travaillent ne sont pas autorisés à entretenir des relations amicales avec leurs collègues. Jusqu’aux années 1960, les hommes ne pouvaient pas occuper de postes à responsabilités et les femmes étaient découragées de travailler pour élever leur famille nombreuse. Ces règles se sont assouplies, mais les emplois artisanaux restent privilégiés.

Se considérant comme les Élus, ses membres attendant la fin des temps et le retour de leur prophète Elie Bonjour, mais pas dans une optique mortifère. Les adeptes ont une vie communautaire très active où les fêtes occupent une part importante. Suzanne Privat a découvert que les membres ne rejettent pas les réseaux sociaux, mais s’en servent, là encore, pour entretenir des liens étroits entre eux. Cependant au lendemain de l’article du Parisien qui avait dévoilé leur existence au grand public, tous les comptes sont devenus privés.

Le nombre de ceux qui partent est difficile à estimer et les raisons sont diverses, mais la plupart du temps il s’agit de rencontres amoureuses avec des personnes extérieures à la communauté. Parmi ceux qui sont partis, certains marqués par leur éducation, défendent le groupe qui véhicule, selon eux, des valeurs de solidarité entre membres, tandis que d’autres, ostracisés après leur départ, ont du mal à se reconstruire.

(Source : Actu, 29.04.2021)

Lire sur le site de l’Unadfi tous les articles sur la Famille : https://www.unadfi.org/mot-clef/la-famille-france/

  • Auteur : Suzanne Privat
  • Editeur : Les Avrils
  • Date de publication : 01/04/2021