C’est sous la forme d’une bande dessinée que l’autrice Sandrine Kérion a choisi de livrer le récit autobiographique de sa plongée dans le complotisme par le biais de l’ufologie, et son lent travail de reconstruction grâce à la science.
Selon le journal Ouest France qui l’a interviewée, son témoignage « bien documenté » décrypte « les mécanismes qui font passer du « doute légitime à la croyance aveugle ».
Adolescente dans les années 1990, époque où le sujet des extraterrestres connaissait un fort engouement grâce au succès de séries comme X-Files, Sandrine Kérion a cru avoir vu des soucoupes volantes. En perte de repères dans une famille déchirée, elle avait besoin de croire en quelque chose de mystérieux qui la rende exceptionnelle. Plus elle s’enfonçait dans ses croyances, plus elle « s’auto-endoctrinait » en se documentant pour les confirmer. C’est comme cela qu’elle en arriva à croire à une conspiration liant les extra-terrestres aux Illuminati pour soumettre l’humanité. Une vision de la société aujourd’hui partagée par les tenants de QAnon.
Pour elle le travail de déconstruction de ses croyances a été un long processus. Curieuse de tout, elle a beaucoup lu, même des ouvrages scientifiques qui l’on amenée progressivement à douter.
Livrer son témoignage, dans le contexte actuel lui paraît essentiel pour « toucher les personnes dans le même cas ». Quand on est complotiste, explique-t-elle, « l’on se met dans une configuration mentale où il est quasiment impossible de nous atteindre. On se considère comme un esprit libre alors que notre raisonnement tourne en rond et qu’il est difficile de s’en extraire ». La seule chose à faire, c’est la faire douter la personne, « lui faire comprendre que c’est bien d’avoir un esprit critique vis-à-vis du discours officiel […] mais il faut aussi l’appliquer sur les théories complotistes. »
(Sources : La Boîte à Bulles, juin 2021 & Ouest France, 07.07.2021)