Le journaliste Lawrence Wright nous propose une plongée aussi passionnante qu’effrayante dans les coulisses de la Scientologie. L’auteur a commencé à s’intéresser au mouvement en 2009, en rédigeant un long portrait de l’un de ses anciens membres, le scénariste et réalisateur Paul Haggis. Il a ensuite cherché à comprendre comment des personnalités brillantes et socialement bien intégrées avaient pu adhérer à l’organisation, la financer et y rester fidèles malgré les scandales qui ont éclaboussé la Scientologie ces dernières années.

Pour comprendre les ressorts de la Scientologie, Lawrence Wright a d’abord axé son travail sur deux personnages principaux : le très inquiétant fondateur du mouvement, L. Ron Hubbard, dont « l’imagination bouillonnante a accouché d’une nouvelle religion » et son successeur, David Miscavige, actuel leader de la Scientologie.

Laurence Wright s’est aussi longuement attaché aux raisons qui poussent la Scientologie à courtiser les célébrités. Hubbard a eu l’ingénieuse idée de suivre le penchant des américains (puis du reste du monde) pour les stars hollywoodiennes – il a d’ailleurs établi le premier Celebrity Center à Hollywood. Alors que le « bas clergé » est relégué aux travaux forcés, les célébrités lui permettent d’étendre sa notoriété.
Les passages les plus saisissants sont sans doute ceux consacrés aux règles et au fonctionnement de l’organisation. On apprend que les membres doivent s’engager pour un milliard d’année, que leur conditions de vie sont effrayantes : salaire misérable, enfants séparés de leurs parents, obligation de rompre avec les proches qui n’appartiennent pas au mouvement…
Célébrités, paillettes et développement personnel en façade ; dénuement, pressions et maltraitance en coulisses : la dernière partie de l’ouvrage tente de comprendre comment des personnes ont pu s’enfermer dans ce que Wright appelle « la prison de la foi ».

Cet ouvrage, remarquablement documenté, nous fait pénétrer au coeur de cette organisation en dévoilant les secrets qu’elle a su précautionneusement cacher durant plusieurs années.

(Sources : l’éditeur & Les Echos, 27.11.2015)