Au-delà des vents du Nord. L’extrême droite française, le pôle nord et les indo-européens

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AU-DELÀ DES VENTS DU NORD. L’EXTRÊME DROITE FRANÇAISE, LE POLE NORD ET LES INDO-EUROPEENS

Historien et spécialiste des droites radicales, Stéphane François(1) s’est intéressé dans son dernier livre, Au-delà des vents du Nord, au mythe nordique. Il est l’un des mythes fondateur d’une fraction de l’extrême droite plaçant l’origine de l’homme blanc dans un continent aujourd’hui disparu situé au Pôle Nord.

Stéphane François propose une lecture des sources et des formes de la littérature d’extrême droite qui a inventé ou réinventé une anthropologie politique et archéologique des Indo-Européens, se donnant pour berceau le pôle Nord. Cette anthropologie s’inscrit dans la vieille tradition aryaniste, héritage pseudo-scientifique de l’Occident du XIXe siècle, époque très favorable à l’essor du succès du mythe aryen. Sa promotion a notamment été assurée par l’occultiste Helena Blavatsky. Cédant au thème aryen très en vogue à l’époque, elle « a intégré dans sa prose » une doctrine raciale « pour le moins ambiguë ».

Le mythe aryen, en tant que théorie de l’autochtonie des Européens, s’est développée chez les premiers anthropologues qui cherchaient à justifier la colonisation par la supposée supériorité de la « race blanche » sur les autres « races »… ce discours, se mêlant accessoirement à l’antisémitisme naissant, finit par fusionner chez les théoriciens racistes germanistes, qui étaient aussi fréquemment des membres… de la Société théosophique !

C’est une pensée racialiste et raciste. Elle promeut une hiérarchie raciale dans laquelle chaque race jouerait un rôle dans l’histoire. Car pour les racialistes, ces races donnent naissance à des cultures et/ou des civilisations qu’il faut préserver. Le meilleur moyen de le faire est d’éviter le métissage et d’empêcher les contacts entre civilisations.

Plutôt que biologique, ce mythe nordique véhicule des principes culturels, un discours anticapitaliste, anti-occidental, antichrétien. L’étude de Stéphane François démontre que ce « nordicisme » participe à la guerre culturelle que mène cette mouvance d’extrême droite contre l’ordre démocratique.

(Source : d’après l’éditeur & Respublica, Nicolas Pomiès, .8.05.2014)

(1)Stéphane François est historien des idées et politologue, docteur en science politique, chercheur associé au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) du CNRS et membre de l’Observatoire des radicalités politiques (ORAP) de la fondation Jean Jaurès. Ses recherches portent sur les droites radicales européennes et leurs relations avec les subcultures (en particulier musicales), le néo-paganisme et l’ésotérisme.

  • Auteur : STEPHANE FRANÇOIS
  • Editeur : EDITIONS PUL, 2014, 324 PAGES.
  • Date de publication : 28/05/2014