Réflexions d’un journaliste

Intervention de Philippe Dutilleul lors du colloque de la FECRIS « Perméabilité du monde contemporain face aux sectes », à Londres le 17 avril 2010. Philippe Dutilleul est journaliste à la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone), réalisateur du film d’investigation « Mort biologique sur ordonnance téléphonique » avec Nathalie De Reuck.


Les charlatans de la santé, les faussaires du psychisme, les « thérapeutes » déviants autoproclamés, constituent autant de défis que doit relever la société moderne de par le monde, en Europe et sur les autres continents.

Il s’agit de véritables prédateurs qui exercent, très souvent impunément, leur art consommé de la manipulation des esprits contre rémunérations conséquentes, au prix d’une véritable escroquerie intellectuelle (voire d’un lavage de cerveau), en divisant la cellule familiale, en soumettant totalement leurs « patients » à leurs théories ésotériques, à leurs pratiques sectaires. Si vous ne pensez pas comme eux, vous êtes « condamnés », vous n’en sortirez pas !

Je situerai mon propos du point de vue du journaliste documentariste (d’investigation) et du réalisateur que je suis à la RTBF (Radio Télévision publique belge francophone). En d’autres termes, le défi est le suivant : comment faire prendre conscience à la masse des téléspectateurs-citoyens du danger que ces escrocs – qui agissent souvent en réseau – représentent ?

Car nous pouvons tous, à un moment donné de notre vie, être fragilisés par un échec professionnel, familial, affectif, par un problème de santé, avec des répercussions plus ou moins sérieuses sur notre équilibre psychologique et mental. Par conséquent, nous devenons des cibles potentielles pour ces habiles prédateurs qui savent en plus fort bien adapter leurs discours tentaculaires aux modes du moment. C’est évidemment le cas avec certaines médecines dites douces, parallèles ou alternatives, fort en vogue face à la médecine classique accusée (par les charlatans) de tous les maux.

Les médias en général, la télévision en particulier parce qu’elle touche le plus de monde à la fois, ont un rôle important à jouer dans la dénonciation des déviances sectaires en général, celles ayant trait à la santé des individus, en particulier. Nous devons faire de la pédagogie, de la sensibilisation, bref faire œuvre utile en dénonçant d’une façon énergique et efficace ces individus potentiellement dangereux. Ce qui suppose que l’on soit personnellement conscient du problème, du danger, et prêt à le dénoncer.

Pour m’en tenir à la télévision, média où je travaille, on peut symboliquement mettre en scène une situation exemplaire à travers un scénario de fiction – un téléfilm par exemple – autour de cette thématique pour sensibiliser les gens. Mais au risque qu’une fiction – même bien faite – apparaisse (assez) éloignée de la réalité. L’objectif de dénonciation et d’éveil de l’esprit critique du téléspectateur risque donc d’être en partie raté.

Raison pour laquelle, en ce qui me concerne, j’ai choisi la forme d’un reportage qui soit le plus percutant possible dans un monde télévisuel très concurrentiel (donnée essentielle à prendre en compte aujourd’hui), pas toujours très regardant sur la qualité des productions diffusées pourvu que l’audimat soit au rendez-vous ( …)

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