Editorial

Bulles N°121, mars 2014

Ce nouveau numéro de Bulles s’ouvre sur un hommage à Mimi Lassere qui participa,
dès le début, à l’histoire des associations de victimes du phénomène sectaire.

L’évocation d’un parcours de près de quarante années d’accompagnement des victimes, de combat contre les atteintes aux libertés fondamentales, d’information et de prévention sur les « organisations à caractère sectaire » nous invite à jeter un regard sur l’évolution du paysage sectaire d’une part, les progrès dans la connaissance et la compréhension de l’emprise mentale d’autre part.

Aujourd’hui, le phénomène sectaire a considérablement évolué et les thèmes qui trouvent un écho auprès de potentiels adeptes ne relèvent plus seulement du religieux, ou du spirituel au sens large : les offres se sont multipliées en s’adaptant
aux demandes dans les domaines de la santé, du bien-être, du développement personnel ou de la formation professionnelle. Des petits groupes naissent et se développent, des réseaux se forment avant que l’on ait pu détecter les risques liés à l’emprise… qui, eux, n’ont pas changé : destruction des liens de la personne avec sa propre histoire, avec sa famille et ses proches, avec la vie sociale.

Parallèlement, la connaissance des mécanismes d’emprise s’est affinée, les pouvoirs
publics et les élus, en France et en Belgique en particulier, ont pris conscience de la nécessité de protéger tant les personnes que la société de ces atteintes aux droits de l’homme, tout en respectant les croyances. La loi About-Picard de juin 2001 a été une étape importante dans cette démarche ; enfin, une liste de dix critères, établie par le Professeur Parquet, psychiatre ayant une longue expérience du phénomène, permet de repérer l’emprise mentale en s’appuyant « sur des éléments observables par tous », et pouvant « être utilisée par les enquêteurs, experts et magistrats en assurant une cohérence »[1].

Le lecteur trouvera dans ce numéro la liste de ces critères, dont cinq doivent être retrouvés pour porter le diagnostic d’emprise mentale et, dès lors, exercer une vigilance accrue.

[1] L’emprise mentale – Une définition opératoire, Philippe-Jean Parquet, Justice actualités numéro 8/2013, École Nationale de la Magistrature