Editorial

Bulles N°119, septembre 2013

« Nous ne pouvons pas admettre que des organisations totalitaires, qui font injure aux libertés fondamentales, en appellent aux mêmes libertés pour obtenir que leurs pratiques anti-démocratiques et contraires aux droits de l’homme soient protégées.[…] Afin d’empêcher que les autorités administratives et les tribunaux des états individuels ne soient abusés par des organisations totalitaires, nous avons besoin d’avoir une société civile éclairée et vigilante, tant au niveau local que national et international. » (Annelise Oeschger, ancienne présidente de la conférence des OING du Conseil de l’Europe).

Dès leur création, nos associations ont eu pour préoccupation d’informer les pouvoirs publics sur le fonctionnement totalitaire des groupes sectaires ; les victimes elles-mêmes ont pris la parole pour dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux des personnes dans ces groupes, allant jusqu’à intenter des actions en justice contre le gourou ou l’organisation. Ces procès, longs, difficiles et très éprouvants, ont mis au grand jour un fonctionnement bien éloigné de celui d’un état de droit…

Certains pays se préoccupent de la question sectaire, par la prévention et la législation, d’autres n’y voient que l’exercice d’une liberté de croyance inaliénable. L’écho, dans les médias internationaux, de la condamnation de la Watchtower Society de New-York, lors du procès intenté par Candace Conti, semble cependant indiquer une prise de conscience par la société civile de la responsabilité pénale des organisations.

Alors mineure, Candace a subi des sévices sexuels de la part d’un Témoin de Jéhovah, pédophile récidiviste, appartenant à la même congrégation qu’elle ; en 2011, elle porte plainte à la fois contre l’agresseur, la congrégation où s’étaient déroulés les faits, et la Watchtower Society.

Le jury de la Cour supérieure du comté d’Alameda (Californie) a condamné l’agresseur et reconnu coupables de négligence les anciens de la congrégation et la direction du mouvement, condamnant cette dernière à près de 24 millions de dollars (la Watchtower a fait appel de cette décision).

Candace explique qu’en portant plainte, et en refusant un éventuel arrangement financier, elle a deux objectifs : protéger les enfants et encourager les victimes d’abus sexuels, ayant subi la politique interne du mouvement, à se manifester.