Editorial

Le n°70 de BULLES (2ème trimestre 2001) s’intitulait « Le prétexte religieux » et traitait du phénomène bien connu qui consiste pour les sectes à se proclamer églises, religions, voire même pour l’une d’entre elle religion athée, et ceci pour des raisons évidentes qui avaient été développées dans le numéro précité.
L’UNADFI s’est toujours opposée à l’amalgame secte-religion et insurgée contre la position de certains complices des sectes (volontaires ou non) selon laquelle on ne doit plus parler de sectes, mais de nouveaux mouvements religieux. Ainsi, au nom de la tolérance, ne devrait-t-on plus se permettre la moindre critique du phénomène sectaire.
Les sujets traités dans le présent numéro sont d’une autre nature : il s’agit de risques sectaires, voire de dérives avérées au sein même des religions institutionnalisées ou émanant d’elles comme l’Eglise Catholique ou les églises protestantes.
Nous nous proposons d’étudier quelques groupes, quelques courants. Il est bien clair que cette étude ne peut être exhaustive. Nous avons déjà évoqué dans notre revue les inquiétudes graves suscitées par exemple par la Communauté des Béatitudes (n°74) ou la Communauté Saint Jean (n°81). Aujourd’hui nous nous penchons sur des groupes dont la caractéristique commune paraît être l’esprit de conquête et nous avons choisi pour illustrer cette attitude les Légionnaires du Christ, l’Église Universelle du Royaume de Dieu et avons souligné le risque sectaire dans certaines églises évangéliques. Nous pouvons certes constater que cet esprit de conquête ne s’exerce pas auprès des mêmes classes sociologiques : rien de comparable en effet entre la conquête subtile et discrète des élites et celle, massive, des pauvres prêts à tous les sacrifices. Mais peut-on leur reprocher leur prosélytisme ? Persuadés de détenir la vérité, jamais effleurés par le doute, ils exercent leur militantisme missionnaire parfois doublé comme dans l’Église Universelle du Royaume de Dieu d’un mercantilisme sans vergogne, ou d’un appétit de pouvoir qui n’a rien de spirituel. Plus inquiétante encore est peut-être leur attitude de conquête envers les adolescents et les jeunes : le respect dû à la liberté dans la formation du jugement et de l’esprit critique des jeunes est une conception que ces groupes jugent manifestement erronée.
On pourra s’étonner de ne pas voir traitées dans cette étude les dérives du radicalisme islamique, alors que certaines ADFI ont reçu des témoignages angoissés de familles dont les jeunes (garçons ou filles) ont été happés par des mouvements fondamentalistes issus de l’Islam. Il nous a semblé que les dérives extrêmes du fanatisme islamique qui vont jusqu’à l’apologie du suicide et du meurtre étaient d’une autre nature que celles présentées aujoursd’hui – mais il sera peut-être intéressant de faire un jour le point sur les motivations de ces jeunes et la puissance des manipulations auxquelles ils sont soumis.