Editorial

Depuis leur création par des familles touchées de plein fouet par le phénomène sectaire, les ADFI reçoivent quotidiennement les témoignages des dégâts familiaux provoqués par l’emprise sectaire : parents rejetés brutalement sous des prétextes mensongers, conjoint exclu parce qu’il n’adhère pas à une doctrine nouvellement révélée, enfants éloignés de leurs parents pour cause d’influence impure, voire satanique, grands-parents privés des contacts avec leurs petits enfants, etc.

En effet, les mouvements sectaires ou les « maîtres » détenant une vérité révélée exclusive, après avoir subtilement discrédité les liens familiaux, vont imposer à leurs membres des règles de vie rendant ces liens difficiles. C’est ce dont ont voulu témoigner, par leur déclaration collective, des parents ayant un enfant dans le mouvement Solidarité et Progrès ; c’est aussi ce qui a conduit un ancien Témoin de Jéhovah à saisir la justice pour faire reconnaître la discrimination dont il est l’objet de la part de son ancienne congrégation.

La plupart du temps, les proches sont les premiers à s’inquiéter des effets d’une emprise sectaire, et se sentent totalement démunis. Toute la difficulté est, en effet, d’évaluer la gravité de la situation et de trouver la bonne stratégie pour contrer la manipulation dont leur proche est l’objet. Le témoignage d’un père, dont on lira la troisième et dernière partie dans ce numéro, montre que la mobilisation de l’entourage proche, jointe à l’aide de personnes expérimentées peuvent permettre d’éviter la rupture et l’embrigadement.

Mais, le plus souvent, il n’a pas été possible d’arrêter la dérive et la famille va vivre des moments difficiles, se sentant coupable et impuissante. La rencontre avec d’autres personnes vivant les mêmes problèmes, l’aide trouvée auprès des associations et des professionnels compétents, peuvent lui permettre de dépasser ces sentiments pour affronter plus sereinement la situation et être là lorsque, peut-être, l’adepte aura besoin de sa famille.