Editorial

Nous avons souvent dit et écrit, à la suite de nombreux témoignages reçus par les ADFI, qu’on n’entrait pas dans une secte : le terme a quelque chose de suffisamment péjoratif pour que, volontairement, lucidement, on ne fasse pas cette démarche. On entre dans un mouvement, dans un groupe dont les thèmes de séduction répondent à votre attente, à votre recherche, à vos aspirations du moment. Il est bien évident que si ces organisations sectaires exprimaient clairement leurs objectifs et leurs moyens d’y parvenir, c’est à dire leurs méthodes d’emprise, le phénomène sectaire serait plutôt réduit.

Quels sont donc ces thèmes de séduction et quelles sont les personnes qui y succombent ? Avant tout, les victimes sont des idéalistes animés d’un sentiment de grande générosité, persuadés qu’ils vont œuvrer à l’établissement de la paix dans le monde, à la diffusion de l’amour universel (comme le promet l’Eglise de l’Unification du Révérend Moon, la Méditation Transcendantale, la Fraternité Blanche Universelle, pour ne citer que quelques exemples). D’autres, plus pragmatiques, vont attirer des jeunes dans un mouvement d’aide humanitaire (voir l’article concernant Tvind Humana, dans ce présent numéro).
Bien sûr, certaines organisations affichent des promesses de nature plus égoïste : il s’agit alors de se transformer soi-même, de développer son potentiel. Mais la plupart du temps, on n’oublie pas d’ajouter que cela est une base indispensable à la transformation des autres et de l’humanité, l’altruisme n’ayant pas de limite.

Les personnes séduites, soumises à des techniques d’emprise souvent étudiées dans nos pages, sont persuadées d’accomplir librement tous les sacrifices demandés ; elles abandonnent tout esprit critique et servent ainsi de force de travail au profit de maîtres qu’elles vont enrichir. Certaines même apportent dans ces organisations tous leurs biens et les abandonnent au service d’une cause parée de noblesse.

Ne peut-on parler alors d’une nouvelle forme d’esclavagisme ?