L’intention de cet ouvrage est de clarifier une confusion actuelle entre médecines alternatives et sectes, dans leur opposition à la « médecine officielle ». Selon le politologue Paul Ariès, le véritable problème n’est pas le conflit entre ces deux modes thérapeutiques, mais celui d’un détournement opéré par des sectes de la critique faite à cette médecine. L’auteur montre comment la prolifération des « autres médecines » s’inscrit dans un vaste courant de société caractérisé par l’avénement d’une »nouvelle culture psychologique et corporelle ». Face au « discours officiel » de la santé, les médecines alternatives viennent proposer d’autres représentations du corps et de la maladie.
Cette réaction contre la « médecine officielle » ne doit pas rejeter les opposants vers des mouvements, qui sous prétexte de nouvelles pratiques de santé, prônent un culte de la « santé parfaite » ou diffusent des « thèses nauséabondes » proches des idéologies d’extrême droite. Le domaine de la santé, plus que tout autre, montre l’inégalité des chances, et des sectes s’engouffrent dans cette brèche pour développer une approche inégalitaire de l’homme et un anti-humanisme. S’il est essentiel de s’interroger sur les risques pour la santé physique de l’une ou l’autre thérapie, la question de fond demeure toutefois celle de la conception de l’homme et de la société véhiculée dans les mouvements prônant d’autres médecines. Dans son parcours des principales sectes guérisseuses, Paul Ariès distingue les « traditionnelles » qui ont pour vocation de guérir les incurables et les « modernistes » qui visent à « pathologiser les bien portants ». Selon diverses modalités, toutes exploitent à leur profit la remise en question de la médecine officielle, pour finalement défendre des valeurs opposées à celles qui fondaient cette critique. De par leur refus d’accepter la réalité de l’imperfection de l’homme et de sa nature mortelle, ce serait plutôt l’impuisance de la médecine face à la mort et à la maladie que ne toléreraient pas les sectes.