Les Patriarches

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La narratrice, Denise, jeune fille de 22 ans, semble tout connaître de la vie de son père, mort d’overdose quelque treize ans plus tôt. A l’exception cependant de plusieurs mois de l’année 1985 dont elle ne sait rien et dont personne dans son entourage ne parle jamais.

Son récit sombre et pesant, se divise en deux parties : une première consacrée à la quête éperdue des souvenirs laissés par son père et une seconde, nettement plus concise qui prend la forme d’une enquête. Celle-ci conduit le lecteur dans un manoir normand là où se trouvait son père, précisément en 1985. Sous l’emprise de la drogue, il avait été envoyé par un médecin dans l’une des Communautés du Patriarche qui, à cette époque, « soignait » les toxicomanes, pour certains séropositifs, grâce aux subventions de l’État. Le fondateur, Lucien Engelmajer, était alors encensé.

Mais sous ses allures de colonie de vacances spartiate, le manoir ressemblait à une prison où régnait la violence. Outre les méthodes de sevrage employées, brutales et douloureuses, « Lucien » exploitait sans scrupule ses pensionnaires et exerçait un droit de cuissage sur les jeunes femmes. La narratrice le décrit avec tous ses abus et ses excès, le comparant au « marquis de Sade et au Père Noël ». Lorsqu’il apprend que la DDASS veut réduire ses subventions, il mobilise les pensionnaires, menaçant de provoquer un suicide collectif !

La narratrice rappelle également qu’il finançait la « recherche » du controversé Mirko Beljanski, inventeur d’un médicament censé guérir le sida. Au final, Le Patriarche sera démantelé en 1995, épinglé, entre autres, pour des dérives sectaires.

  • Auteur : Anne Barest
  • Editeur : Editions Bernard Grasset, 2012.
  • Date de publication : 06/07/2007