Les managers de l’âme

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Fruit d’une enquête sur le terrain, l’ouvrage de Valérie Brunel tend à démontrer les rapports étroits qui lient les techniques issues du développement personnel et de la psychologie humaniste et logique libérale à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines.

L’introduction depuis les années 1990 dans le monde de l’entreprise des « pratiques de soi » (PNL, Analyse Transactionnelle, MBTI, Ennéagramme…) correspond à une évolution de la doctrine managériale qui met désormais l’accent sur la subjectivité et les relations interpersonnelles. L’entreprise est désormais perçue comme un lieu de développement personnel et le travail comme une possibilité de réalisation de soi. L’auteur pointe le fait que sous un abord « humaniste », ces techniques possèdent une dimension utilitariste, puisqu’elles « visent à permettre à l’individu d’adopter des comportements jugés plus efficaces » en leur attribuant une valeur morale.

A l’explication sociologique des rapports de travail qui présente le conflit comme un élément inhérent à toute organisation, on substitue une interprétation psychologique basée sur la notion de responsabilité individuelle : Chacun peut améliorer sa situation de travail en effectuant un travail sur soi. Le type de pouvoir ainsi mis en place dans l’entreprise s’appuie sur une intériorisation de l’obéissance. Une sorte de « contrat narcissique » lie désormais le salarié à l’organisation en excluant toute notion d’opposition entre les intérêts de l’individu et ceux de l’organisation. Cette idéologie comporte le risque d’un « dressage social » de l’individu. Une uniformisation des comportements qui s’accompagne d’une perte de l’esprit critique mais également d’un désinvestissement de la vie sociale et politique.

  • Auteur : BRUNEL Valérie
  • Editeur : Editions la Découverte - 191 p
  • Date de publication : 27/10/2006