Histoire d’Amoreena, une ex-Enfant de Dieu

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L’ouvrage…

A la lecture du récit détaillé du viol organisé, physique, psychique et spirituel de six enfants en bas âge de la même fratrie, on a une extrême difficulté à réaliser qu’une telle ignominie puisse avoir eu lieu sur notre territoire, à l’insu de tous, ou presque. C’est pourtant ce qu’Amoreena, 32 ans, a le courage d’analyser après avoir vécu de sa naissance jusqu’à l’âge de 17 ans dans la secte La Famille, ex-Enfants de Dieu.

Il est bien établi que c’est au cours des sept ou huit premières années de la vie que se construit l’essentiel de la personnalité. Comment, après un parcours aussi chaotique, cette femme a-t-elle pu trouver la ressource d’écrire ce témoignage, qui s’ajoute à tant d’autres tout aussi révoltants ? Comment a-t-elle pu décrire avec tant de précision ce système conçu pour extirper tout germe de développement d’un « moi » personnel.

Ces faits sont principalement advenus sur le sol français et, pendant plusieurs années, en pleine ville. Cela pose à la fois la question du manque de vigilance collective d’une société que l’on croit pourvue de maintes fonctions de repérage, mais aussi une interrogation inquiète devant une sorte de lâcheté collective. Il a suffi d’un grossier camouflage du style « petites filles modèles » pour réussir à duper l’entourage, et à faire qu’on ferme les yeux pour se protéger de l’inimaginable.

En écrivant ces lignes de présentation, on est tenté d’émettre l’hypothèse que l’insoutenable description d’Amoreena puisse être une exception dans le vécu sectaire d’ensemble. Le souci peut être louable de ne pas généraliser à l’excès compte tenu d’évolutions locales moins répugnantes. Et pourtant l’on sait combien le système demeure, et combien il faut accueillir avec scepticisme les déclarations lénifiantes des successeurs du gourou David Berg, conçues pour désarmer les autorités. Amoreena souligne la concordance des faits répertoriés en de nombreux endroits du monde et qui ont mené à des suicides d’adolescents notamment dans des camps de redressement, les victor camps, auxquels l’auteur fait allusion (cf. BULLES n°90, 2ème trimestre 2006).

Il faut pourtant essayer de surmonter un sentiment de dégoût (compréhensible) pour lire ces lignes qui ont coûté un tel effort à cette jeune femme, et pour que la mention « à suivre… » posée par l’auteur après le point final, l’encourage à décrire comment elle a pu bâtir sa vie après avoir quitté la secte en 1995.

… un précieux témoignage

Notre société a une dette considérable envers de si précieux témoins. C’est pourquoi nous réagissons avec force lorsque des « experts » drapés dans leur dignité en viennent à dévaluer la validité de ces témoignages, considérant même certains de ceux-ci comme une simple expression de rancœur de personnes « déçues »… Jugement qui peut s’accompagner de la dépréciation des associations de défense qui reçoivent, certes avec la prudence et l’esprit critique d’usage, ces personnes doublement courageuses. Ainsi, les associations sont dans l’obligation de faire face aussi sur le front, étonnant, ouvert par des auteurs qui, sous prétexte de science, abordent le sujet à froid, comme soucieux de se tenir excessivement à l’écart de ce qui pour nous est primordial, et notre raison d’être : les atteintes au respect, à la dignité et à la liberté des personnes.

C’est aussi par le soutien aux victimes de ces abus que nous considérons devoir tenir notre rôle dans la protection d’ensemble d’une société sournoisement menacée dans ses structures primordiales.

  • Auteur : Amoreena Winkler
  • Editeur : Ed. Ego comme x, 2009.
  • Date de publication : 02/07/2010