Aliénation et prise de conscience

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Jean-Pierre Coquand, l’auteur de cet ouvrage, a été Témoin de Jéhovah durant 19 ans, totalement engagé au service de l’organisation. A l’annonce de la fin du monde, prévue pour octobre 1975, son épouse et lui avaient même quitté l’Education Nationale pour être prédicateurs à plein temps.

Dans l’ouvrage « Aliénation et prises de conscience » il revient sur son parcours, l’idéal qu’il avait embrassé et les raisons qui l’ont fait sortir volontairement d’une organisation qui « par un processus instrumental, parvient à faire abstraction du facteur humain ».

La première partie, illustrée par des documents internes, présente de manière très claire le fonctionnement de l’organisation de la Watchtower, véritable multinationale. Une personne extérieure, non Témoins de Jéhovah, n’imagine pas la hiérarchie et la bureaucratie qui en sont les fondements. Toutes les directives, quel que soit le domaine de la vie – publique ou privée- viennent du Collège Central de Brooklyn, une dizaine de niveaux de surveillants veillent à leur exécution. Les Témoins de Jéhovah vivent en « liberté surveillée », assidus à leurs cinq heures de réunions hebdomadaires, incités à participer à « l’œuvre de prédication » (le prosélytisme).

Pour certains, les pionniers, la tâche essentielle est le porte-à-porte pour amener de nouveaux fidèles à rejoindre l’organisation. Pour ce faire, les « recruteurs » disposent de l’ouvrage « La connaissance qui mène à la vie éternelle », qu’ils proposent en même temps qu’une étude de la Bible. Une publication interne, réservée aux seuls Témoins actifs ou aux futurs Témoins de Jéhovah qui font du porte-à-porte, le Ministère du Royaume, détaille, étape par étape, comment amener une personne ayant accepté une étude biblique à domicile à demander le baptême au bout de six mois. Rien n’est négligé, les premières visites, la progression de l’étude, la prise en compte des réticences et des interrogations, l’encouragement à venir assister à une, puis plusieurs réunions… Dans cette première partie Jean-Pierre Coquand présente également les aspects financiers et juridiques de l’organisation.

La seconde partie relate son expérience de missionnaire à la Réunion et les divers événements qui ont abouti à son départ. Il consacre en particulier plusieurs pages à la fin du monde, prévue pour octobre 1975. S’appuyant, là aussi, sur des documents internes il montre comment le Collège Central, dont l’infaillibilité est indiscutable, est passé de la « certitude de la fin du monde » à la « certitude d’une erreur »… et ce, sans aucun scrupule.

Au cours des années passées à la Réunion, l’auteur sera témoin de dysfonctionnements, de privilèges, de conduites répréhensibles, d’abus de pouvoir. Il posera des questions qui resteront sans réponses, demandera des explications qui ne lui seront pas fournies. Au contraire, il sera critiqué, sa famille ses « frères » se détourneront de lui et il quittera un mouvement auquel il avait voué sa vie.

Il attendra d’être à la retraite pour publier son témoignage qu’il voudrait avant tout préventif pour, écrit-il, « qu’aucune personne fragilisée par les aleas de la vie, ne se laisse tenter par la séduction très élaborée des Témoins de Jéhovah. »

  • Auteur : Jean-Pierre Coquand
  • Date de publication : 27/03/2013