Psychotropiques, la fièvre de l’ayahuasca en forêt amazonienne

La « fièvre » dont parle Jean-Loup Amselle dans son ouvrage (paru aux éditions Albin Michel), c’est cette nouvelle quête d’expériences initiatiques et de spiritualité New Age qui s’est emparée de touristes occidentaux. La demande croissante de ce nouveau tourisme a créé « les conditions d’une véritable industrie ».

L’expérience chamanique va de pair avec l’absorption d’ayahuasca. Ce breuvage à base de lianes, traditionnellement préparé par les chamanes des tribus indiennes d’Amazonie, qui, associé à la chacruna, devient hallucinogène. Le même phénomène de tourisme mystique et psychotropique se produit en Afrique avec une autre drogue : l’iboga. L’auteur pose la question : comment le Sud soigne-t-il le Nord ?

Le symptôme est à replacer dans son contexte, celui de la fin des grands récits, du déclin du rationalisme et de ses conséquences sociétales : fragmentation sociale, individualisme et repli sur soi, multiculturalisme et culte de la Nature. « Pour l’auteur, il convient d’ajouter au tableau le stade actuel du capitalisme addictif, celui qui exerce son pouvoir de séduction et de subornation par la consommation érigée en « impératif catégorique ». Le phénomène du tourisme psychotropique dérive aussi d’un comportement de consommateur. »

Les élites intellectuelles et artistiques sud-américaines, qui ont troqué l’espérance révolutionnaire contre cette forme de spiritualisme ethno-écolo-bobo commencent à être touchées. L’anthropologue colombienne, Alhena Caycedo-Fernandez, estime que ceux-ci pensent trouver auprès des chamanes un type de solution thérapeutique et spirituelle (…)

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Guérir, disent-ils…

Notre époque est au mal-être : à côté des difficultés économiques on évoque les crises du couple, de la famille, de l’autorité, des valeurs… Il semble que beaucoup de personnes éprouvent un sentiment d’inquiétude diffuse, d’insatisfaction latente contredisant l’injonction au bien-être qui s’affiche partout. Mais des thérapeutes nous expliquent que, comme les patients du Docteur Knock, nous pensons que nous allons bien alors qu’en réalité nous sommes blessés et qu’il nous faut guérir de nos blessures. Mais quelles blessures ? Blessures familiales, blessures d’enfance, blessures narcissiques… Ils sont prêts à nous fournir toutes sortes de « maux » d’excuse pour nous proposer leurs services.

 

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Hommage à Magdeleine Lasserre

Magdeleine Lasserre, dite Mimi, est décédée le 9 janvier 2014 dans sa 95ème année, à Saint-Jean-de-Luz où elle résidait. Ses obsèques, célébrées de 13 janvier, ont réuni sa nombreuse famille et ses nombreux amis, parmi lesquels des représentants de l’UNADFI ainsi que les bénévoles de l’ADFI Pyrénées-Atlantiques dont elle a partagé les actions jusqu’à la fin de sa vie.

Bulles, qu’elle avait contribué à créer, avec Claire Champollion et Marie-Claire Guignard, se doit d’évoquer sa longue et fructueuse action au service des victimes de sectes et son combat pour l’appréhension du phénomène sectaire. Phénomène dont sa famille elle-même avait été victime lorsqu’en 1974 une de ses filles fut captée par la secte Moon, lors d’un séjour en Allemagne.

C’était l’époque où Moon, grâce à un prosélytisme intense en Europe, enrôlait de nombreux jeunes, souvent tout juste majeurs. C’est un drame qu’ont connu un nombre important de familles en France au début des années 70. Dans le n°100 de Bulles, Mimi elle-même relatait comment ces familles, sous le choc du départ brutal de leur enfant, se sont réunies en 1975 et ont fondé les premières ADFI régionales. Mimi Lasserre fut une des fondatrices de celle de Paris (…)

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Editorial

Ce nouveau numéro de Bulles s’ouvre sur un hommage à Mimi Lassere qui participa,
dès le début, à l’histoire des associations de victimes du phénomène sectaire.

L’évocation d’un parcours de près de quarante années d’accompagnement des victimes, de combat contre les atteintes aux libertés fondamentales, d’information et de prévention sur les « organisations à caractère sectaire » nous invite à jeter un regard sur l’évolution du paysage sectaire d’une part, les progrès dans la connaissance et la compréhension de l’emprise mentale d’autre part.

Aujourd’hui, le phénomène sectaire a considérablement évolué et les thèmes qui trouvent un écho auprès de potentiels adeptes ne relèvent plus seulement du religieux, ou du spirituel au sens large : les offres se sont multipliées en s’adaptant
aux demandes dans les domaines de la santé, du bien-être, du développement personnel ou de la formation professionnelle. Des petits groupes naissent et se développent, des réseaux se forment avant que l’on ait pu détecter les risques liés à l’emprise… qui, eux, n’ont pas changé : destruction des liens de la personne avec sa propre histoire, avec sa famille et ses proches, avec la vie sociale.

Parallèlement, la connaissance des mécanismes d’emprise s’est affinée, les pouvoirs
publics et les élus, en France et en Belgique en particulier, ont pris conscience de la nécessité de protéger tant les personnes que la société de ces atteintes aux droits de l’homme, tout en respectant les croyances. La loi About-Picard de juin 2001 a été une étape importante dans cette démarche ; enfin, une liste de dix critères, établie par le Professeur Parquet, psychiatre ayant une longue expérience du phénomène, permet de repérer l’emprise mentale en s’appuyant « sur des éléments observables par tous », et pouvant « être utilisée par les enquêteurs, experts et magistrats en assurant une cohérence »[1].

Le lecteur trouvera dans ce numéro la liste de ces critères, dont cinq doivent être retrouvés pour porter le diagnostic d’emprise mentale et, dès lors, exercer une vigilance accrue.

[1] L’emprise mentale – Une définition opératoire, Philippe-Jean Parquet, Justice actualités numéro 8/2013, École Nationale de la Magistrature

Ukraine /  » Barbie prana « 

Alors qu’elle a déjà subi plusieurs interventions chirurgicales pour se transformer en Barbie (comme la poupée), la chanteuse et mannequin ukrainienne, Valerya Lukyanova, a décidé vouloir « vivre d’air et de lumière ». Elle a annoncé sur la toile être devenue une adepte du respirianisme et avoir arrêté de se nourrir depuis plusieurs semaines.
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Inde / Le gourou congelé

Les adeptes d’une secte indienne, La Mission du Réveil de la Lumière Divine (Divya Jyoti Jagrati Sansthan), ont placé le corps de leur chef spirituel, Shri Ashutosh Maharaj Ji dans un congélateur, « dans des conditions dignes du froid régnant au sommet de l’Himalaya », conditions requises pour atteindre le point ultime de conscience.
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