Rapport de la Miviludes au Premier ministre- 2013-2014

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), présidée par Serge Blisko, a rendu public son rapport 2013-20141.

La première partie du rapport est consacrée au compte rendu du colloque « L’emprise mentale au coeur de la dérive sectaire : une menace pour la démocratie ? » organisé par la Mission le 23 novembre 2013, et dont les actes complets sont accessibles en ligne sur le site de la Miviludes2.
Abordant, en deuxième partie, le risque sectaire et Internet, le rapport poursuit l’analyse, abordée dans les rapports de 2008 et 2010, de la façon dont internet transforme le paysage sectaire.

Dans un premier article, « Métamorphose du croire radical : pourquoi Internet peut-il être un incubateur de la pensée extrême ?», Gérald Bronner, sociologue auteur de plusieurs ouvrages sur l’univers des croyances, analyse les effets d’internet sur les processus de formation et de diffusion du « croire radical ». Il montre ainsi comment internet dérégule les conditions du « marché de l’information ».
Pour Gérald Bronner, il est urgent de « penser efficacement aux possibilités de créer des digues pour limiter les risques de bascule vers la crédulité voire la radicalité » des « indécis » : n’ayant pas encore d’idée définitive sur un sujet, ils sont plus sensibles à la façon dont tel ou tel type d’argument va être accessible.

Un deuxième article développe « Le discours New Age sur Internet et les risques de dérives sectaires ».Après un rappel de ce qui caractérise le New Age (aspiration à un « changement de paradigme », « conception holistique », doctrine ésotérique, opposition à ce qui caractérise la modernité) et de « sa potentielle dangerosité selon le degré d’adhésion », deux aspects sont développés :

  • Internet et le New Age : une alchimie parfaite. Ce « réseau de réseaux » permet au New Age de se diffuser transformant l’offre tant des pratiques que des discours. Une conséquence : le phénomène sectaire est « moins perceptible et moins évident » mais les risques d’emprise et de dommages pour l’individu et la société restent importants.
  • Internet comme facteur de risques : risque d’emprise mentale d’une part, et risque de manipulation de l’opinion d’autre part.

Plusieurs facteurs favorisant l’emprise mentale peuvent être observés : Internet « retarde la prise de conscience de l’entourage », facilite l’adhésion à un mouvement de celui qui est en « recherche », permet au charisme d’un individu « d’opérer à distance», « facilite l’auto-endoctrinement et la radicalisation ».
Le risque de manipulation de l’opinion tient d’abord à la façon dont Internet diffuse des idées New Age « sans que leur fondement idéologique n’apparaisse ». La banalisation et l’accoutumance à certains termes ou pratiques peuvent «créer un terreau favorable à des dérives sectaires ».
Le relativisme de la pensée New Age (« A chacun sa vérité ») se traduit par une confusion des ordres du discours (démarche scientifique et cheminement spirituel, par exemple) et une confusion quant aux enjeux, nuisant à la clarté de l’information.

La troisième partie du rapport est consacrée aux activités de la Mission en 2013, parmi lesquelles la mise en place, dans le secteur de la santé, d’un partenariat aboutissant à une convention avec l’Agence régionale de santé d’Ile de France (ARS IdF), et d’un partenariat avec des organismes de la protection de l’enfance dans le cadre d’une convention (formation, échanges d’information, élaboration d’un cadre de prise en charge et de suivi de mineurs et de leurs familles confrontés à des dérives sectaires). Sur le plan international, le rapport rend compte des nombreux contacts de la Miviludes avec les responsables du Conseil de l’Europe, du rapport « La protection des mineurs contre les dérives sectaires » pour la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), et d’un exemple québécois d’aide aux victimes.

Dans sa dernière partie, le rapport publie les contributions des différents ministères.

Consulter le rapport 2013-2014 de la Miviludes sur son site :
http://www.derives-sectes.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/rapports-annuels

(1) Lire aussi sur le site de l’UNADFI, Rapport de la Miviludes au Premier ministre- 2013-2014 :
https://www.unadfi.org/rapport-de-la-miviludes-au-premier-ministre-2013-2014

(2) Lire les actes du colloque sur le site de la Miviludes :
http://www.derives-sectes.gouv.fr/sites/default/files/publications/francais/colloque_2013_version_finale_mise_en_ligne.pdf