Psychothérapie, démocratie et loi

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Hospitalière depuis le début de sa carrière, Martine MAURER a d’abord exercé comme infirmière diplômée d’Etat. Ayant souffert de psychothérapies déviantes, elle est enfin devenue psychologue clinicienne dûment diplômée de l’Université. Elle exerce actuellement en santé mentale, est collaboratrice de Psychothérapie Vigilance, spécialisée dans la victimologie psycho-sectaire, et amenée à intervenir auprès des pouvoirs publics et des organisations professionnelles pour prévenir du risque psycho-sectaire.

« Qui est professionnel de la psychothérapie ? » « Qui est chargé en France d’évaluer ce champ professionnel face à la loi, à la déontologie, à la société et aux demandeurs de soins ? » autant de questions que ces derniers sont en droit de se poser.
Dénonçant sans vergogne nombre de dérives psycho-sectaires, elle trace aussi des repères pour que les demandeurs de soins ne se laissent pas piéger, tant est tenace sa volonté de tout mettre en œuvre pour que ce qui lui est arrivé, à elle et à d’autres, ne soit plus jamais possible en France.

Ainsi, sans complaisance, elle pointe d’entrée de jeu, l’avènement du « tout psy » par l’existence de nombreuses théories, dont elle ne donne qu’une liste non exhaustive, mises en pratiques par ceux qu’elle appelle les « new psy » les tenants des nouvelles thérapies.
Ces new psy pour lesquels il n’est question que de clients et non de patients, ignorent la psychopathologie, exercent dans des groupes, voire des « micro-groupes auto-référents, narcissiques» qui passent de la marginalisation à l’autarcie et à la dérive sectaire ; groupes à risques, capables de déplacer les règles de la vie sociale, nommant relation ce qui n’est en fait que transgression et que personne n’ose dénoncer.
Certifiés ou non du Certificat Européen de Psychothérapeute (CEP) délivré sur présentation d’un dossier payant, se présentant comme psychothérapeutes niveau 1 superviseurs et formateurs de psychothérapeutes ou encore superviseurs didacticiens niveau 2, (elle dénonce l’illusion de l’efficacité de la supervision), ces new psy autoproclamés ne se considèrent pas moins comme étant les seuls à être capables de vraie formation à la psychothérapie car, disent-ils, « ils se sont soignés » ; Et comment !

Entretenant une confusion entre thérapie et formation, ces personnes affirment devant les parlementaires organiser des cours théoriques et des stages pratiques, ce qui n’aide pas les pouvoirs publics à opérer une réelle régulation : ainsi, l’article 52 de la loi 2004-806 reste pour Martine MAURER insuffisant, « le titre de psychothérapeute devant rester un titre secondaire à rattacher à la qualification diplômante… soit psychiatre, médecin et psychologue exerçant la psychothérapie » et non un autre métier.
Parmi ces théories aboutissant à des pratiques abracadabrantes, ubuesques, – ce sont ses termes- l’analyse transactionnelle et la gestalthérapie sont de celles qui retiennent le plus son regard critique. Ainsi, en témoignent entre autres :
– des demandeurs de soins amenés par leur psy à connaître des souffrances qui ne faisaient pas partie de leur histoire (faux souvenirs),
– l’organisation de thérapies groupales gommant toute distance entre clients et thérapeutes : usage systématique du tutoiement, relations intra groupales instituées sur le mode affectif, dévoilement de la vie intime de chacun des participants avec étalage du contenu émotionnel, thérapeute compris ; parfois même le cadre dans lequel se déroule la thérapie peut être celui de l’intimité familiale du thérapeute…
– des groupes de thérapie quasi permanents composés d’adhérents convaincus autour de leaders de leur théorie, réellement fascinés ; « la fascination est un étrange sentiment qui laisse l’esprit sans pensée, sans raisonnement et sans logique » observe-t-elle.
– sessions de formation dans la nudité pour tous, formateur compris, sous prétexte de libération et d’épanouissement sexuel.
– technique du reparentage qui consiste à faire régresser le client et à le materner en lui donnant le biberon ou la tétée
– relation dite thérapeutique transformée en effusion affective par un psy rémunéré.
– thérapie dite traditionnelle hallucinante aboutissant à un long voyage au Pérou avec prise d’ayahuasca.
– culpabilisation du client désigné comme pathologique quand il devient plaignant. Ainsi, le long parcours de six années de souffrance vécues par Pauline qui s’est retrouvée face à ses psy déviants à la tête du comité d’éthique de son groupe ; déstabilisée par un séminaire dans la nudité censé traiter des troubles psychosexuels, dont l’intitulé annonçait croissance et harmonisation érotique, ces comités d’éthique auto référents n’avaient aucune valeur légale.

L’auteur elle-même a vécu quelques-unes de ces dérives à titre personnel. Sous l’emprise d’une psychothérapeute se référant à une micro culture autoréférente désignée à risque par le rapport de la MILS en 2001, elle a pu s’en sortir grâce à un psychanalyste qui l’a respectée et l’a aidée à réparer les effets dévastateurs des premières thérapies.
Enfin formée à l’Université pendant neuf années consécutives à autant d’années d’expériences malheureuses de fréquentation de trois écoles différentes toutes aussi peu sérieuses, elle est en mesure d’analyser scientifiquement les pratiques de ces new psy.

Sa conclusion est qu’aucun travail thérapeutique n’est possible dans les conditions d’exercice qu’elle décrit par négation du contre-transfert.
Elle en appelle donc de toutes ses forces à l’urgence d’une réglementation pour faire cesser les dérives groupales reconnaissant que l’on ne pourra cependant pas éviter des dérives individuelles.
Pour cela, elle en appelle à la démocratie, aux pouvoirs publics et demande la mise en place d’une commission pluridisciplinaire, composée de docteurs en médecine, de psychologues cliniciens et de psychanalystes afin de travailler ensemble à l’élaboration de critères d’une bonne pratique des soins et de l’aide psychologiques.

  • Auteur : Martine MAURER
  • Editeur : Edition Mare & Martin - 2005
  • Date de publication : 06/02/2007