Mais qui est Carlos Castaneda : un grand ethnologue, un initié du chamanisme « yaqui », un écrivain de talent, un gourou despotique ou un mythomane de génie ? En tout cas, un individu capable de brouiller les pistes et de ré-écrire sa vie à l’infini. Fils d’un joaillier péruvien, il débarque aux Etats-Unis dans les années 1950, laissant derrière lui femme et enfant et s’invente une nouvelle identité. Fréquentant les milieux artistiques et littéraires, il s’intéresse, comme nombre d’intellectuels de l’époque, aux substances hallucinogènes, aux phénomènes paranormaux et aux états modifiés de conscience. En 1959, il entame un cursus d’ethnologie à l’université de Californie et publie en 1968 « L’herbe du diable et la petite fumée », premier ouvrage d’une longue série consacrée aux enseignements chamaniques de Don Juan, un sorcier « yaqui » dont nul ne sait s’il est réel ou imaginaire. Roman initiatique ou thèse scientifique ? Les écrits de Castaneda vont créer la polémique dans le monde universitaire et littéraire et lui assurer une renommée mondiale. Malgré le succès, il entretient le mystère, fuit la presse et les apparitions publiques, préférant la compagnie du cercle restreint de ses disciples. Il s’agit des femmes, essentiellement, sur lesquelles il exerce une forte emprise et dont il dit qu’elles sont des « sorcières ». Elles aussi ont changé d’identité. Peu à peu, Carlos Castaneda va se transformer en une sorte de « gourou ». Il crée une nouvelle discipline : la Tensegrity, un enchaînement de passes magiques qu’il enseigne à ces proches et qu’il va, par la suite, vendre sous forme de stages. Atteint d’un cancer, il meurt en 1998. Quelque temps plus tard, les « sorcières » disparaissent. Il est tout à fait probable qu’elles aient rejoint Carlos Castaneda.
Christophe Bourseiller a recoupé de nombreux témoignages, livres, articles de presse ou études pour tenter de retracer au plus près l’histoire de ce personnage déroutant.